Submergée (et des envies pour un quotidien apaisé)
3 semaines de vacances s’achèvent et comme chaque année, j’accueille cette reprise comme une invitation à me créer un quotidien plus serein. « Ne pas arriver aux prochaines vacances dans le même état d’épuisement », voilà mon objectif de rentrée sans cesse renouvelé depuis 9 ans déjà. Peut-être est-ce une quête impossible pour moi à Paris ? Cette idée commence à se frayer un chemin en moi. Malgré tout et parce que pour l’heure ma vie est ici, forte de tous les retours précédents et des écueils qui n’ont pas manqué de s’y présenter, je me prépare à expérimenter une nouvelle formule quotidienne dans l’espoir de me rapprocher de mon point d’équilibre du moment.
Ces dernières années donc, je me suis souvent laissée envahir. Toute la bonne volonté du monde n’y a pas suffi : les habitudes bienfaisantes prises en vacances ont toujours fini englouties sous les flots du quotidien. Car si d’aucun parviennent à gérer des emplois du temps de ministres, lorsque mes obligations menacent les plages de temps calme dont ma nature introvertie a besoin je me retrouve très vite dépassée. Depuis plusieurs années je vis à taux de remplissage maximum et voire même à un peu plus que ce que je pourrais sereinement mener à bien. Cela se traduit par des projets refusés faute de pouvoir leur trouver une place et bien plus grave encore, un épuisement généralisé.
À vouloir sans cesse me remplir, je me suis retrouvée vidée. Les temps morts, silencieux, auxquels je fermais la porte sans même m’en apercevoir se sont imposés par la fenêtre avec force et ténacité. J’ai ainsi appris que je ne pouvais pas me nourrir d’informations et de contenus en continu. J’avais besoin de silence, de moments de repos sans stimulation et d’accepter de m’ennuyer. Les interstices avaient une fonction qu’il était délétère de négliger et d’empêcher.
Pendant ces vacances j’ai donc décidé de faire l’expérience de l’indisponibilité. J’ai laissé mon téléphone dans un tiroir. Plus de Podcast pour accompagner chaque moment de la journée, plus d’instagram/mail/Twitter à chaque pause, plus d’attente et de vérifications des messages et mentions, pas de réponse donnée dans la minute aux sms. Si cette pause n’a pas été totale (période de rendu de thèse oblige), elle a néanmoins été bénéfique. Cette mise à distance m’a montré à quel point la relation que j’entretenais avec mon téléphone et plus particulièrement avec les réseaux sociaux se faisait au détriment de mon bien-être et venait réveiller la peur du rejet, de la non-appartenance, de l’inadéquation, de l’impopularité et de l’échec. Je me suis aperçue que j’étais en permanence dans l’attente, ouvrant ces applications en espérant y trouver de la nouveauté, un message, quelque chose d’indéfini et pourtant suffisamment tentant pour répéter l’action un nombre inavouable de fois chaque jour comme on s’acharne à actionner le levier de la machine à sous dans l’espoir de décrocher le gros lot. Pire, l’absence de ces stimulations espérées était synonyme d’une estime de moi dégradée.
Je partage cette expérience avec vous pour deux raisons : la première parce qu’il se peut que votre relation à l’occupation ne vous convienne pas à vous non plus. La seconde parce que cela a un impact ici car voilà ce que j’ai compris : j’aime écrire, composer des photos, tester des recettes et partager sur tous ces médias des instants de vie qui m’inspirent, m’interrogent, me font sourire. J’aime la partie création de ma présence ici. Mais je n’aime pas la suite. La sortie de mon livre m’a permis d’identifier avec plus de clarté qu’aucun article posté n’avait pu le faire oh combien je n’aimais pas faire la promotion de mon travail et l’expectative de sa réception. Cet état d’hypervigilance et d’attente de retours, messages, partages qui vient faire ressortir chez moi un cruel besoin de validation ne m’est pas bénéfique. Il n’est source que d’émotions négatives et de déception là où la création me nourrit. Parce que je n’ai pas trouvé encore de façon de le gérer sans en souffrir, j’ai décidé de me concentrer sur la création quitte à négliger encore d’avantage la partie réactivité et échange. Le temps de trouver l’équation qui me convient tout en continuant à faire ce qui me plaît et m’inspire.
Mon portable abandonné à son sort durant ces 3 semaines, j’ai pu faire l’expérience d’une présence et d’une disponibilité à moi-même et aux autres que je n’avais pas connue depuis longtemps. Reposée et détendue, ces vacances m’ont été drôlement bénéfiques. Pendant celles-ci, j’ai eu le temps de m’adonner à un de mes loisirs préférés : la lecture. Et c’est au fil de deux livres de Florence Servan-Schreiber que j’ai trouvé les pistes que j’ai envie de tester cette rentrée pour adoucir mon quotidien – 3 kifs par jour et Power Patate. Contrairement aux doutes que leurs titres loufoques peuvent susciter, ces deux titres sont on ne peut plus sérieux tout en restant didactiques, vivants et pédagogiques. On suit ainsi leur autrice dans son expérience et son apprentissage de la psychologie positive qu’elle nous enseigne à son tour de façon pétillante. Je ne peux que vous conseiller ces deux lectures qui ouvrent nos écoutilles vers d’autres manières de vivre nos quotidiens.
De façon générale, voici les pistes que je retiens pour faire de cette année la plus sereine en date :
- Stopper la boulimie de contenus. Réserver l’écoute de podcasts et le visionnage de vidéos YouTube pour accompagner des tâches pénibles (telles que le ménage). Garder tels quels les autres instants silencieux de mes journées (transports, douche, temps mort) pour laisser mon esprit vagabonder et se reposer.
- Fixer une plage horaire quotidienne pour les réseaux sociaux et ne pas m’y connecter en dehors de celle-ci. Pour se faire j’ai téléchargé l’application AppBlock qui permet de déterminer des heures auxquelles on ne peut consulter certaines applications ou sites web. Je me garde 1 heure par jour durant laquelle leur ouverture est possible et pour le reste du temps, la vie m’attend !
- Sortir mon téléphone portable de la chambre : il faut que j’investisse dans un réveil
- Écrire chaque soir lorsque je me mets au lit ce pour quoi je ressens de la gratitude dans la journée qui vient de s’écouler. Cette pratique est reconnue pour ses effets bénéfiques sur l’humeur et sur la qualité du sommeil. J’en ai déjà fait l’expérience et cette habitude me réussit.
- Mettre le multi-tasking à la porte : notre cerveau ne sait pas faire bien plusieurs choses à la fois. Dans notre société du toujours plus, toujours plus vite, vouloir tout faire en même temps ne fait que renforcer la sensation d’être passés à l’essoreuse.
- Faire une activité physique. À raison de 30 minutes 3 fois par semaine, les études rapportent un bénéfice fou sur le bien-être, le sommeil et l’humeur. Pour m’y tenir, des jours fixes – lundi, mercredi, vendredi. Il ne me reste plus qu’à être créative !
- Faire l’essentiel (à mes yeux) avant le superflu. Car lorsque l’essentiel n’est pas fait, je ne parviens pas à me sentir bien.
- Respecter mes besoins quotidiens de sommeil. Lorsque je le fais, je me sens mille fois mieux.
- Me lever le matin suffisamment tôt pour prendre un thé en lisant quelques pages avant de commencer ma journée
- Ne plus accepter plus de sollicitations extérieures que je ne peux sereinement en gérer mais créer des occasions pour retrouver plus souvent famille et amis. Ces relations nous nourrissent, cette année je bataillerai plus que jamais pour leur accorder toute la place qu’elles méritent.
Si cela vous intéresse, je vous donnerai des nouvelles de tous ces menus ajustements dans quelques temps.
Août 04, 2020 @ 17:25:05
Bonjour Célie,
Je trouve tes propositions très intéressantes et je te souhaite d’arriver à les mettre à profit. Ton article m’inspire et me conforte dans mon cheminement pour trouver comment passer du temps de qualité avec moi-même pour un mieux-être au quotidien. Je pratique déjà le cahier de gratitudes depuis 10 mois et ça m’aide à être plus positive et optimiste. Prochaine étape : apprendre à chercher les réponses en moi-même, notamment grâce à la méditation, plutôt que de perdre du temps à la dérive sur les réseaux sociaux. Et en plus, ça booste ma confiance !
Août 06, 2020 @ 09:05:21
Merci Amandine :) Je confirme pour la méditation, c’est on ne peut plus bénéfique !
A très vite !
Août 07, 2020 @ 10:22:33
Comme toi, je me laisse toujours submerger par la quotidien quelques semaines après la rentrée… et pourtant, le besoin d’équilibre n’a jamais été plus imortant!
Mon objectif pour cette année : le sport 2 ou 3 fois par semaine, et plus de silence en général…
All the best to you :)
Août 17, 2020 @ 12:19:58
Merci Cécile, je te souhaite plein de réussite dans ces deux challenges !
A très vite !
Août 11, 2020 @ 15:27:54
« À vouloir sans cesse me remplir, je me suis retrouvée vidée. » C’est si joliment dit, merci Célie.
J’habite à Paris depuis 5 ans et je me suis rendue compte durant le confinement qu’au fil de ces cinq dernières années j’ai frénétiquement tenté de combler tous les moments de vide afin de toujours avoir quelque chose à faire, quelque chose à raconter. Cette ville est tellement pleine de richesses, de gens et de possibilités que je ressens toujours ce besoin pressant de faire comme les autres : aller voir cette nouvelle expo, tester ce nouveau resto, rencontrer plus de monde, passer dans ce lieu éphémère… Sans jamais vraiment me sentir contentée ensuite.
Août 17, 2020 @ 12:19:20
Merci Pauline ! Oui, les grandes villes nourrissent cette impression de toujours « passer à côté de… » : il y a tout simplement une offre qui excède ce qu’il est possible de consommer ! Nous devons obligatoirement faire des choix et donc, renoncer… On ne pourra ni tout voir, ni tout faire, cette réalisation nous enlève un sacré poids je crois ! A partir de là, on peut s’autoriser à n’accorder notre temps libre qu’à ce qui nous fait du bien et nous apporte des choses positives. Ce n’est pas parce que « tout le monde » parle d’une expo que nous avons nous-mêmes envie d’aller la voir. Quelle libération !
Belle journée à toi et à très vite !
Août 14, 2020 @ 14:37:32
Merci pour ton article, intime et finalement si partagé je crois.
Je crois être arrivée dans un état de fatigue semblable avant mes vacances. Cette sursollicitation de l’esprit nous vide de toute énergie, c’est une spirale de laquelle il est difficile de sortir autrement que par l’arrêt total lorsqu’elle est enclenchée.
Tes tips permettant de ne pas en arriver là sont chouette, merci pour ce partage.
Belle continuation à toi :)
Août 17, 2020 @ 12:15:51
Merci Aurélie pour ton message :) J’espère que ces quelques tips te seront utiles du coup, tu me diras !
Belle journée à toi et à très vite !
Août 23, 2020 @ 14:07:18
Je me reconnais un peu trop dans ton article. Comme toi, j’ai décidé d’éloigner mon téléphone portable lors de mes 2 semaines de vacances. Un bien fou, mais malheureusement, j’ai trop vite retrouvé cette boulimie de contenus, surtout sur instagram. L’application Appblock pourrait être la solution pour retrouver ces moments de calme…
Merci pour tes conseils !
Août 26, 2020 @ 13:10:06
Merci Julie ! J’espère qu’Addblock t’aidera autant que moi ! Je reste vigilante néanmoins, comme toi je sais que la rechute n’est pas loin et qu’on se reprend au jeu très rapidement si on n’y prend pas garde.
A très vite !
Jan 18, 2022 @ 22:57:55
J’ai décidé de ne plus regarder les informations pour me couper de ce déferlement de négativité et ca me fait un bien fou. De même pour les réseaux sociaux j’ai fait un grand tri pour ne plus voir que des bonnes ondes