Une histoire de maison
Dimanche. Il est 13h08 et je suis assise dans le train – voiture 16 place 23 côté fenêtre et dans le sens de la marche pour une fois – qui ferme depuis deux heures et presque trente minutes la porte sur les jours passés dans mon ancien chez moi. Quelques larmes – de cette espèce qu’elles s’arrêtent sitôt le paysage redevenu anonyme et sans histoires – ont brillé alors que lentement le quai s’éloignait et les maisons, les rues, les grands bâtiments, le terrain de sport et les immeubles qui jouxtent la voie ferrée défilaient au carreau.
Je n’ai jamais vraiment su m’y prendre avec les au revoir et j’ai abandonné maintenant l’espoir qu’ont porté longtemps les « ça s’améliorera en grandissant ». Il restera toujours un peu – je crois – de cette fillette en moi qui pleurait dans son lit en colonies. Pourtant un cap s’est franchi. Depuis quelques mois, mon déménagement à Paris est bel et bien fini. Il aura fallu plus que des cartons pleins de souvenirs, une inscription à l’Université, une carte de bibliothèque et une autre de cinéma pour que je trouve dans les murs de cet appartement – où je vis pourtant depuis déjà 3 ans – une vraie maison. Pour qu’il y ait plus de moi ici que là-bas. Pour que partir soit plus douloureux que revenir, pour que ma vie me manque entre beaucoup et beaucoup-beaucoup lorsque celui qui la partage n’est pas du voyage.
Ce déménagement du coeur, c’est peut-être ça grandir au fond. Une irruption du choix. Avec qui, comment, où, pourquoi, dans quel ordre, sur quelle voie. Grandir comme un grand chantier dont on reprendrait les rênes une fois les bases solidement posées. Grandir comme la deuxième partie d’un livre dont le début nous a été soufflé et que nous avons désormais la liberté de continuer exactement de la manière qui nous plaît.
Et vous, votre coeur, il habite où ?
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Mar 01, 2015 @ 22:12:53
On s’attache toujours à cet endroit familier chargé de souvenirs, la séparation est douloureuse et les retrouvailles joie et nostalgie … Jolie texte <3
Mar 02, 2015 @ 09:48:22
Magnifique texte <3 Moi aussi, je n'aime pas les au-revoir. Même si je sais que je vais revenir, qu'on va se revoir, ça ne m'empêche de verser quelques larmes.
Je n'ai plus cette attache de la maison familiale depuis quelques années. L'appartement où on a vécu pendant près de 20 ans a été vendu après le divorce de mes parents, je ne connais pas ou plus cette sensation que tu décris si bien de revenir "chez soi" alors que ce n'est plus tout à fait là où tu vis. Grandir, oui, c'est aussi ça. Dire au-revoir, un peu, à ses souvenirs d'enfance.
Et puis, il y a cette phrase peut-être passe-partout, lue, relue et entendue mille fois : "home is the heart is", et ça me va plutôt bien finalement.
Mar 15, 2015 @ 19:46:32
Je suis comme toi, ma maison est un « toi » :)
Mar 02, 2015 @ 14:54:19
Quitter la maison où l’on a grandi, où nous avons passé de merveilleux moments est difficile, j’ai fait l’expérience cet été. Je n’ai plus d’affaires chez mes parents, et c’est pas facile de se sentir chez soi dans sa nouvelle maison. Mais ça vient petit à petit, on se l’approprie et un jour on se sent enfin à l’aise dans notre nouveau chez nous.
Mar 15, 2015 @ 19:45:22
Cela s’est passé exactement pareil pour moi :) Difficile, un peu étrangère au début, et puis petit à petit… plus tellement.
Mar 03, 2015 @ 13:34:03
Très joliment raconté, qui me rappelle mon propre déménagement à Paris il y a trois ans. Emprunt de larmes, de nostalgie, mais aussi d’une excitation toute particulière : celle de l’inconnu et des possibilités qu’il offre.
Mar 15, 2015 @ 19:44:09
Oui ! j’adore le petit goût, l’excitation, la peur aussi, des commencements. Lorsque tout est à découvrir et à construire :)
Mar 09, 2015 @ 00:06:07
C’est drôle, quelque soit le train, je suis toujours voiture 16 place 24 !
Mon coeur à moi est à Paris mais parfois, je ne sais plus très bien, il navigue entre Londres, Bruxelles et Paris…
Mar 15, 2015 @ 19:41:54
Aujourd’hui il semble que l’on aie tous plusieurs maisons de coeur. J’aime cette idée de coeur en voyage, partout chez lui.
Mar 17, 2015 @ 04:53:07
Bonjour Miss Blemish que je découvre aujourd’hui…
Ton texte me fout presque les larmes… Grande question.
Ton texte pose le thème du « C’est où chez soi ? » Je ne sais pas, je me le demande. J’ai vécu à Paris, en Floride, à Hong Kong et je ne sais toujours pas. Souvent, les questions les plus simples amènent les réponses les plus compliquées. Une chose est certaine : revenir a un goût extraordinaire.
Bises.
Laura
http://www.motsdemaalouf.com/
Mar 17, 2015 @ 19:27:32
Bonjour Laura ! Bienvenue ! « Revenir a un goût extraordinaire » > j’aime, je veux la retenir cette expression là. Elle dit tout, tout simplement. Jusqu’à ne plus avoir à rien ajouter d’autre. On pourrait barrer tout cet article pour ne mettre que ça tant est là l’essentiel :)
Mar 18, 2015 @ 05:18:35
:) Contente que cette formule te plaise ! N’hésites pas à rejoindre mon univers !
Bises !
Laura
http://www.motsdemaalouf.com/
PS : tu as une nouvelle abonnée sur Instagram <3
Mai 11, 2022 @ 12:25:54
Heyy! Merci pour cet article, pour ma part ma propre déco me fait sentir chez moi j’ai trouvé un magasin ameublement bordeaux qui est juste génial car j’ai récemment déménagé :)