Mon rituel d’écriture
Les mots au creux de ventre et poitrine, phrases prises au piège à ma gorge nouée, j’essaye bien – en vain – de rester concentrée sur ce qui m’appelle au présent de tâches grises mangeuses de temps. Des qui d’un « il faut » éclipsent de soucis jusqu’au ciel bleu des jours sans pluie, des raisonnables – immuables – qui ignorent tout de l’impermanence fragile de l’intuition que l’on hume aveugles, en détectives embusqués, prêts à bondir pour en saisir jusqu’à la plus infime nuée.
Février l’an dernier je commence à écrire dans l’instantané. À tout noter, du plus infime début d’idée aux grandes envolées – mêmes un peu bancales, un peu ratées – petites phrases et fragments isolés. Je décide – comme une évidence – de donner sa chance à la moindre idée consciente que – fugaces et joyeuses – elles n’attendent pas qu’on ait le temps de leur consacrer celui qu’elles réclament là maintenant à l’heure où toujours il y a déjà mille choses dont il faut – vite vite ! – s’occuper, discuter, terminer. Car une fois les impératifs liquidés, les idées ignorées, elles, se sont envolées.
De l’arrêt brutal de ce bouillonnement furieux lorsque soudain le temps revient, j’ai acquis la certitude que c’est de l’agitation que naît l’inspiration. De ces milles choses menées de front, de cette course contre la montre, des trains qu’on rate et des talons qui claquent sur le pavé. Comme s’il fallait ce fouillis pour que les idées cliquent entre elles et forment ce petit réseau qui mène un souvenir à un autre, une image à une émotion, une odeur, une matière, un sujet pour que du tout entremêlé jaillisse un peu de nous.
Mais pour écrire dans l’instantané, il me fallait un outil toujours prêt, toujours à disposition, qui ne demande pas trop de complications pour s’en servir au quotidien – lorsque je marche, travaille, sors, mange… Et quel est le seul objet – permettant d’écrire – que l’on a toujours sur soi ? Son smartphone. J’écris donc depuis un an déjà sur mon téléphone, dans les brouillons de ma boîte mail. Tout. Et tout particulièrement ce qui touche à ce blog. Idées, bouts de phrases, débuts d’articles, articles entiers – en jets – liens, listes, commentaires, pistes à exploiter, réflexion naissante… Et à ma grande surprise cette manière de procéder a eu énormément de retombées positives sur lesquelles je pourrais disserter si longtemps que je me suis dis qu’une liste serait encore la manière la plus claire de vous en parler…
Les avantages
– Je suis mobile : je peux écrire partout, tout le temps, sans avoir besoin d’espace / de bureau / de lieu spécial / de matériel précis. J’ai juste besoin de mon smartphone chargé. Ce qui est le cas 99% du temps.
– c’est une écriture qui se faufile dans mon quotidien, y fait corps, ne l’interrompt ni ne le contraint. Je ne m’arrête pas pour écrire, j’écris dans le flot de ma journée : j’écris dans la file des courses, j’écris sur le canapé, avant dîner, dans mon lit – matin, soir – j’écris dans les transport en commun, dans le train, à la gare, en attendant un rendez-vous, au café, entre deux impératifs, en travaillant… Cela me permet d’écrire énormément – et bien plus qu’avant – sans que mes proches en ressentent les effets. Je ne m’isole pas pour écrire, j’écris avec eux, à côté d’eux, en continuant la discussion… cela s’intègre, cela ne scinde pas.
– Désacraliser l’écriture jusqu’à rendre l’acte naturel. Écrire tout le temps, partout et sur un support qui n’est pas – au premier abord – destiné à l’écriture créative, a énormément atténué la peur, la crainte, le vertige face à la page blanche. Cela m’a complètement libérée du rituel que l’on connait tous de s’installer face à la feuille blanche – de papier ou d’un document Word encore vierge – et de se dire » Pfffiuuu c’est LE moment d’écrire ». Je ne vais plus chercher l’écriture, c’est elle qui vient me trouver. Il n’y a pas UN moment où je dois être performante mais une multitude de moments où j’ai des idées, que je note, qui aboutiront peut être, peut être pas mais qui dans tous les cas ne seront pas perdues.
– une écriture quotidienne – au minimum – et pluri-quotidienne le plus souvent. L’écriture a aujourd’hui une vraie place dans mon quotidien sans pour autant que cela « prenne » de la place (cf – points précédents)
– Et avec cette écriture quotidienne, forcément, des progrès. Une plus grande facilité, une plus grande aisance, des idées mieux exprimées, des mots choisis au plus proche du sens que je veux leur donner… Plus on écrit et plus il devient facile d’écrire. Moins on a peur de l’acte en lui-même, moins on place sur nos épaules une pression démesurée, moins on attend du « tout, tout de suite » conscients que c’est une ébauche, une idée, que l’on retravaillera forcement et moins on s’auto-censure.
– La liberté. Tout écrire et aussi s’autoriser à tout écrire. Même si on ne sait pas où ça nous mènera, même si le fragment est tellement insignifiant, même si on sent que l’on s’aventure à l’aveugle dans l’inconnu…
– Et pour ce qui est du côté « pratique » : le fait d’écrire dans mes brouillons de mails me procure un format adapté qui me permet d’avoir une vue d’ensemble de ce que j’écris malgré l’écran réduit – par rapport à celui d’un ordinateur par exemple… et les textes enregistrés sur mon téléphone sont disponibles depuis n’importe quel ordinateur avec une connexion internet. Il est donc facile de les retravailler, de les éditer, de les transférer sur WordPress.
Les inconvénients
Je vous avoue que j’ai eu beaucoup de mal à en trouver des convaincants pour moi mais je retiendrais celui-ci : l’écriture a pris la place de la lecture. Avant je lisais beaucoup, aujourd’hui j’écris beaucoup… cette nouvelle manière de concevoir et de vivre mon écriture n’y est pas pour rien cependant je ne crois pas que cela en soit 100% responsable. Je prends moins de plaisir à lire des romans en ce moment, pourtant la lecture garde une place de premier choix dans mes loisirs car je passe mon temps à lire des articles, des blogs, faire des recherches… peut-être ai-je juste moins de place pour la fiction ces temps-ci…
Note : c’est volontairement que je ne cite pas la marque / le modèle de mon téléphone – low cost – car là n’est pas « l’enjeu ». N’importe quel smartphone fera l’affaire si vous avez envie d’essayer :)
Et toi, tu as un rituel d’écriture ? Un lieu, un objet, un outil dont tu ne peux plus te passer ? Qui a tout changé ?
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Mar 27, 2015 @ 09:31:31
Moi, justement j’aime « sacraliser » l’écriture et des rituels se sont aussi installés de mon côté, j’écris quasiment tous les matins, après le petit-déjeuner. C’est devenu mon rituel, mon repère, un « besoin ». Cela ne m’empêche pas d’écrire à d’autres moments de la journée mais celui-là, je ne le rate quasiment jamais. Je lis aussi beaucoup, beaucoup, les mots -les miens et ceux des autres- me nourrissent, j’en ai « besoin » tous les jours.
Mar 28, 2015 @ 14:21:18
Oui, j’avais lu ton article à ce sujet. J’admire beaucoup cette capacité d’avoir instauré ce rituel, d’avoir donné rendez-vous aux mots et d’avoir avec le temps acquis qu’ils viennent à ce moment-là. A d’autres aussi bien entendu mais qu’ils soient au rendez-vous que tu leur as fixé. Même si c’est moins formel, ceci dit, j’écris moi aussi tous les jours après le petit déjeuner, en allant travailler, dans les transports en commun :) mais ça n’a rien à voir avec le cadre agréable que tu as réussi à créer. Et pour la lecture, je lis tous le temps, mais je vous lis vous, je n’y arrive plus trop avec les romans. Peut-être parce que j’ai trop d’histoires de trop de personnes différentes dans la tête pour avoir l’envie d’en mettre encore d’autres par dessus. Mais ça s’atténuera avec le temps, j’en suis persuadée :) Merci pour ton petit mot Mélanie, j’adore parler de tout ça avec toi :)
Mar 27, 2015 @ 09:46:56
J’aime sacraliser l’écriture en couchant les mots sur du papier plutôt que de favoriser le numérique. Après le smartphone a un côté pratique, pas besoin de support pour écrire puisque c’est le tout en 1. Mon rituel c’est que j’ai 2 carnets, un où je note chaque moment de bonheur, pour me souvenir des belles choses, l’autre c’est pour raconter mes séances de travail avec mon cheval. Comme ça je peux voir nos progrès et les choses à travailler. :) Mais j’écris quand même dès que j’en ai l’occasion, au travail par ex sur un simple bout de papier.
Mar 28, 2015 @ 14:16:32
Je crois que si j’ai réussi à adopter cette technique c’est aussi parce que je n’avais jamais vraiment écrit de fiction sur papier, toujours sur traitement de texte. Du coup, l’écriture papier n’était pas un « standard », quelque chose d’habituel. Et comme je suis incapable d’écrire dans les transports en commun sur papier (ça bouge trop pour moi) et que j’écris énormément sur mes trajets, ça c’est fait comme ça. En revanche je suis une fervente convaincue de la nécessité de favoriser le papier en matière d’édition par exemple (je continue d’acheter des livres papier). C’est génial de voir que tu as réussi à te fixer des plages de temps dans ta journée pour écrire, je trouve que c’est un superbe cadeau pour soi-même que de dire « c’est mon moment, j’écris ». Merci d’avoir partagé ça ici ! :)
Mar 27, 2015 @ 10:55:08
J’ai le même ressenti quant à la désacralisation de l’écriture. Autant sur smartphone que sur des bouts de papier qui ne sont pas destinés à accueillir mes mots, je n’ai donc aucune obligation ni attente sur ce que je vais écrire. Pas de contrainte de sujet, de logique ou de taille. Une idée en appelant une autre, je me retrouve avec, dans mon sac, un tas de tickets de caisse gribouillés et la liste de mes notes dans mon portable qui s’allonge de jour en jour. Il n’y a en eux aucun projet ou but, juste la « décharge » d’idées qui peuvent ainsi sortir de mon esprit (et aussi, me permettre de penser vraiment à ce que je suis en train de faire la minute d’après). Merci pour ce billet dans lequel je me retrouve :) A très bientôt, les Décalées !
Mar 28, 2015 @ 14:11:32
Merci à toi de partager la manière dont tu vis l’écriture ! :) J’admire ton organisation de ne pas perdre tes papiers volants chargés de mots (je suis bien trop tête en l’air pour y arriver… ;)) A bientôt !
Mar 27, 2015 @ 13:24:37
Super sympa cet article ;)
Tout comme toi, je viens à peine de me mettre à l’écriture. Désormais je balade partout avec moi un petit carnet, et ça m’aide beaucoup d’écrire à l’intérieur absolument tout, des idées blogs (majoritaire), des coups de coeurs etc.. J’avais remarqué que parfois j’avais de « super » bonnes phrases dans ma tete à propos d’un article, mais que après j’oubliais très vite, du coup maintenant c’est pratique ! Et puis ça aide encore plus pour l’élaboration des posts: il sera plus riche et mieux construit. Moi qui faisait mes articles 20min avant les publier, les posts était super plats (et j’espère qu’ils ne le sont plus) .. Bref j’ai apprécié ton avis sur cette petite choses ;)
xx.
Mar 28, 2015 @ 14:06:34
Je suis bien d’accord avec toi ! C’est très pratique et les articles n’en sont que meilleurs car on leur laisse le temps de mûrir et notre réflexion / notre message aller jusqu’au bout de son cheminement :) Merci pour ton petit mot !
Mar 27, 2015 @ 17:35:11
Je trouve que le tséléphone c’est hyper bien en dépannage. Personnellement, je préfère écrire sur du papier. J’écris principalement sur mon agenda (c’est la seule chose que je ne perds jamais) ! J’aimerais écrire plus mais je t’avoue que parfois je suis en panne d’inspiration et ces périodes peuvent durer assez longtemps !
Mar 28, 2015 @ 14:02:36
Oui, la panne d’inspiration… je trouve que de noter toutes ses idées permet de beaucoup y pallier car on a toujours quelque chose en cours sur quoi s’appuyer, travailler, en attendant que la machine redémarre. Après bien sûr, il y a des périodes en creux. J’écrivais récemment à une amie que c’était un permanent va-et-vient entre inspiration, création, blog et que l’on finissait toujours par retrouver le chemin même si c’est tellement effrayant lorsque l’on est en plein coeur de la « crise » :) Bon courage dans ta bataille contre la page blanche !
Mar 28, 2015 @ 02:17:50
Tu as une très, très belle plume. Je continue de parcourir ton blog et ses articles passés avec beaucoup de plaisir. Très intéressant ce que tu racontes ici, notamment le paragraphe sur la désacralisation de l’écriture : ce que tu dit est très vrai. J’ai toujours plus ou moins écrit, mais toujours avec la même difficulté pour m’y mettre, les mots peinent à sortir pour se figer sur le papier. C’est le côté immuable de l’écriture qui m’effraie (alors que paradoxalement, c’est cette pérennité que l’on cherche aussi dans l’écriture). Depuis janvier, je note régulièrement des pensées / souvenirs dans un agenda que je garde à la maison : un support moins formel également, qui aide !
(et accessoirement, très belles photos : c’est toi qui réalises toute les photos de ton blog ?)
Mar 28, 2015 @ 13:59:28
Merci à toi pour ce commentaire aussi adorable qu’extrêmement intéressant ! C’est marrant de voir que nous sommes tous plus ou moins confrontés aux mêmes difficultés… et les moyens que l’on met en oeuvre – tous différents – pour les contourner. N’est-ce pas là ce que l’on appelle la créativité ?
Merci beaucoup pour ton petit mot, il me touche énormément et j’espère que ce plaisir que tu prends à venir par ici durera longtemps :) Pour ce qui est des photos (merci !!!), oui, depuis janvier de cette année, tous mes articles (sauf une critique de cinéma) sont illustrés par des photos prises par moi ou – si je suis sur la photo – par une amie Alexandra B. ou mon amoureux. C’est l’un des défis que je me suis lancé pour 2015 : m’améliorer en photographie, en composition d’image… donc je m’exerce ! Et c’est un vrai bonheur d’illustrer ses articles par ses propres photos. Cela me donne l’impression d’avoir travaillé à mon article de A à Z. De donner quelque chose à lire de « complet » :)
Mar 28, 2015 @ 12:02:48
QueL bel article!
J’ai un peu de mal à tout noter dans mon téléphone. Utiliser un carnet est plus naturel et fusionnel dans mon cas.
Mar 28, 2015 @ 13:52:55
Merci Yan ! Effectivement, le téléphone, j’en convient, c’est particulier :) Je n’ai pratiquement jamais écrit de fiction – puisque c’est comme ça que j’ai commencé à écrire en dehors du cadre purement scolaire – sur papier, toujours sur traitement de texte. Cela explique peut-être ce rapport fusionnel déplacé vers les écrans :) Merci d’avoir partagé ton rituel par ici ! :) A bientôt !
Mar 28, 2015 @ 12:27:41
J’ai essayé cette technique il y a quelques mois mais je n’ai pas accroché… Ecrire sur mon smarphone était peu pratique. J’ai fini par acheter un joli carnet, et puisque l’essentiel de mes petites inspirations venaient dans les transports en commun (où je suis généralement assise héhé) la méthode s’est avérée plus payante. :)
Mar 28, 2015 @ 13:45:43
C’est vrai que c’est très singulier d’écrire sur son smartphone – c’est d’ailleurs ce qui me plaît, que ce ne soit pas trop trop fait pour ça… et en plus je suis incapable d’écrire dans les transports en commun avec un stylo ! ça bouge trop ! Merci pour ton commentaire, c’est très amusant de voir comment chacun aborde l’écriture et quels outils il utilise ! :)
Mar 28, 2015 @ 14:18:52
Très bel article, tu as une très belle plume. De mon côté, je préfère noter mes idées sur mon ordinateur. J’ai toujours eu un peu de mal à écrire mes idées sur une page blanche, je ne sais pas pourquoi..
Je te souhaite une bonne journée !
Mar 28, 2015 @ 15:18:45
Ecrire, tout le temps, partout. Griffonner sur un bout de feuille, sur un ticket de caisse, un ticket de cinema. Au crayon de papier, au stylo plume, au stylo bille. Quelques mots, quelques phrases, une histoire, une émotion. L’inspiration souvent me frappe quand il ne faudrait pas, en réunion, au bureau, avant de m’endormir (tout le temps, alors qu’il est l’heure bien passée et que mes yeux se ferment, et que mon réveil n’indique plus que 6h de sommeil), en voiture, dans les transports en commun. Alors comme toi souvent je sors mon téléphone, c’est soit la seule chose que j’ai avec moi, ou alors la plus pratique. C’est aussi la seule chose qui est tout le temps avec moi et avec laquelle je peux écrire. J’ai des milliers (bon d’accord peut être pas, des dizaines) de carnet, de toutes les tailles, toujours un dans mon sac, mais pas souvent pratique pour écrire sans support, sans table. Et j’aime par dessus tout, m’écouter, écouter mes mots, et ne pas attendre parce que sinon des fois, ça se perd. Des fois, je n’utilise pas tout de suite ce que j’écris mais c’est là, quelque part. Je n’aime pas forcer l’écriture, m’asseoir devant l’ordinateur, la page blanche et me dire « écris » ce n’est pas moi, ce n’est pas mes mots. Alors je griffonne à droite, à gauche et je pianote surtout. Je ne sais combien j’ai de brouillon dans mes mails et dans mon téléphone.
Mar 29, 2015 @ 18:43:41
Je n’ai pas le réflexe de noter les idée qui me passent par la tête. C’est bien dommage car certaines disparaissent aussi vite qu’elles ne sont apparues. Je n’arrive vraiment pas à me mettre au carnet. Je vais essayer de me mettre au smartphone !
Et puis, j’adore ton écriture. Très jolie :) j’aimerais pouvoir en faire autant.
Mar 30, 2015 @ 11:29:24
J’adore écrire (et faire des croquis surtout) dans le train, même sur des courts trajets… dans un petit carnet, mais la plupart du temps sur des bouts de brouillon, en fait dès que c’est trop organisé ça me bloque… bref, peu importe… l’essentiel c’est d’avoir envie et d’aimer le faire ;)
En tout cas, bravo pour ta belle écriture !
Avr 03, 2015 @ 21:48:29
J’écris parfois quand émerge le mot, la phrase, le brin d’idée, la rime, le début d’une ballade, n’importe quoi… toujours impromptu; mais impossible sur mon smartphone aux touches alpha-numériques, je n’écris pas assez vite… parfois donc sur un document Word dans l’ordinateur, mais là aussi je suis moins rapide qu’à la main. Cette lenteur convient quelquefois quand l’esprit cherche le mot juste, l’enchaînement, la tournure. Le clavier devient le stylo suspendu. Pourtant souvent, ça surgit comme une cascade à gros bouillon, par spasmes et puis silence.
Alors l’exercice se concrétise le plus fréquemment sur un carnet minable, l’agenda papier, un dos enveloppe, une feuille de brouillon. Ce qui me tombe sous la main. parfois même le crayon traîne à retranscrire ce qui fuse; les idées s’échappent, l’envolée lyrique s’évapore, impossible à remettre dans la cage ou alors toutes déformées. Des bribes qu’il faut ensuite recopier sur un cahier.
Je possède des tas de cahiers avec des jolis couvertures ou pas. J’ai aussi plusieurs très beaux carnets luxueux mais la plupart restent vierges. Ils m’intimident, ils sont réservés pour les morceaux finis, ceux que j’estime assortis, autant dire presque rien. Des carnets offerts, des carnets ramenés de voyages lointains ou proches, des carnets choisis. Je devrais les noircir, les apprivoiser. Ils sont tristes, orphelins d’un bon écrivain mais même des piètres mots, des inachevés, leur tiendraient sans doute compagnie…
J’ai songé utilisé l’enregistreur du smartphone mais trop peu confidentiel, je ne m’imagine pas dans les transports en communs, au pied du lit ou aux toilettes chuchoter devant un microphone. De surcroît, entendre les mots avant de les écrire fait s’évanouir la magie. Après, c’est une autre chanson! Il faut avouer que parfois l’inspiration vient de la graphie du dernier mot né ou du son dans la tête. Suis-je saine d’esprit?
Mon prochain investissement : une petite tablette avec écran tactile et son stylet graphique que m’accompagnera partout en écriture cursive.
Merci de ce bel endroit.
Avr 15, 2015 @ 14:35:27
<3 (merci pour ce commentaire, j'ai pris tellement plaisir à te lire ! Merci d'avoir partagé tout ça ici, cela me touche beaucoup) A bientôt !
Avr 14, 2015 @ 22:46:28
Il fallait quand même que je te le dise : depuis que j’ai lu cet article, j’écris sur mon iPhone un peu partout. Et, hm, si tu vois bientôt plus d’articles sur mon blog, cela sera grâce à toi. C’est tout doux de savoir que je peux écrire « partout ».
Cela fait longtemps que je travaille sur mon iPhone (je réponds à des loooongs mails de partout dessus) mais je n’avais jamais pratiqué l’écriture un peu plus, disons, créative. Et finalement, ça fonctionne (et cela évitera de rafraichir mille fois Instagram et de se perdre sur Twitter). Et oui, cela » désacralise l’écriture » et c’est confortable ça aussi. Et puis, et puis, je peux me relire à l’infini plus facilement. J’utilise « notes » qui se synchronise directement sur mon ordinateur. C’est tout magique.
Merci jolie demoiselle. <3
Avr 15, 2015 @ 14:02:47
Ton commentaire me fait super plaisir ! :) D’abord parce qu’il annonce plus d’articles à venir chez toi et aussi parce que cela fait toujours plaisir de savoir que quelque chose qui marche si bien pour soi est utile à quelqu’un d’autre aussi, c’est ce qui fait le sens de nos blogs après tout, non ? :) A bientôt pour tes jolis mots !
Sep 16, 2015 @ 21:02:55
Bonjour, je découvre ton blog avec cet article… qui résonne complètement avec mes préoccupations du moment, car moi, c’est l’inverse, j’ai du mal à écrire.
Du coup, ta façon de faire m’interpelle, me bouscule. Je n’écris pas sur mon téléphone car l’écran est quand même petit mais j’ai toujours un calepin sur moi avec un sylo. Par contre, ça m’est déjà arrivé d’enregistrer vocalement des idées que j’avais (idée que j’ai piquée à mon chéri musicien, qui passe son temps à fredonner dans son téléphone de nouvelles mélodies ^^).
Par contre, je te rejoins totalement quand tu dis que l’écriture régulière permet de s’améliorer. Je le ressens maintenant que j’écris moins : j’ai plus de difficultés à m’y remettre, je suis moins contente de moi… alors, je réfléchis pour essayer d’écrire autrement, retrouver le plaisir et la simplicité de l’acte d’écrire…
Sep 16, 2015 @ 21:31:32
Merci pour ton petit mot Sofia :) Je suis heureuse que cet article t’ait donné quelques pistes à explorer, j’espère que tu trouveras ta méthode composite :) Je ne sais pas si tu as vu cet article où je parle un peu de créativité et de ce qui m’aide à la favoriser, peut-être pourra-t-il t’aider également ? – Pistes de réflexion sur la créativité http://missblemish.fr/pistes-de-reflexion-sur-la-creativite/
A bientôt !
Nov 20, 2015 @ 16:35:23
J’écris plutôt dans un cahier, un carnet, sur mon ordinateur. Il fut un temps où j’écrivais beaucoup à partir / sur mon Blackberry. C’est instantané. Ca évite que les idées s’envolent. Il fut un temps où mon carnet de poche était parsemé de mot, d’idées. Aujourd’hui j’essaye de me poser pour écrire. Même si cela implique de repousser un dossier ou de lancer quelques idées quelque part pour y revenir plus tard.
Tout comme toi, plus j’écris, plus j’aime écrire et plus je ressens le besoin d’écrire aussi.
Bises Célie.
Fév 12, 2016 @ 11:39:14
En effet, il est important de désacraliser l’écriture. J’ai de plus en plus de mal à écrire parce que…j’écris de moins en moins. En me forçant un peu la main lors de mon dernier voyage j’ai pu remarqué combien l’habitude redevenait vite naturelle, mais noircir une page semble sacro-saint, comme si on n’avait pas le droit à l’erreur et ce qu’on va écrire définit intégralement qui nous sommes.
Je viens de lire ton article et c’est amusant car hier je m’étais fait cette réflexion qu’il fallait que je me penche sur les instantanés, car au final de mes vieux écrits ce sont encore ceux-là que je préfère relire.
Juin 23, 2016 @ 15:16:17
merci pour cet article très intéressant; pour ma part j’ai installé sur mon smartphone une application de journal personnel (« Mon Journal » sur androïd ») que j’utilise pour écrire ce qui me vient, des idées de nouvelles, des passages entiers d’un roman pas encore écrit etc… ce qui me permet de profiter de mon inspiration juste au moment où elle apparaît. De plus j’ai remarqué qu’écrire sur un support dématérialisé élimine le complexe de la page blanche. longue vie à votre joli blog.
Juil 04, 2016 @ 16:49:48
Merci pour votre petit mot :) Je partage ce ressenti d’une facilité acquise par le support moins tangible qu’est un écran, un clavier, un téléphone. Ecrire au quotidien a fait perdre à l’écriture beaucoup de son côté effrayant, solennel. La peur de l’échec étant moins présente, on s’autorise à plus et on progresse donc bien plus vite !
Douce semaine et à très bientôt !
Témoignage - Miss Blemish : "Je continue à me remettre en question"
Sep 28, 2016 @ 16:00:52
[…] Mes articles naissent donc tous ici, sur le clavier de mon téléphone à chaque moment en creux de mes journées. Ce procédé a énormément enrichi mon écriture, j’en parle un peu plus en détail dans cet article consacré à mon rituel d’écriture. […]
Juin 29, 2017 @ 12:25:42
C’est marrant, je fais moi aussi cela depuis des années et je n’avais jamais vu ça comme un « rituel d’écriture ». Mais maintenant je comprends mieux. Je dois avoir plus de 400 brouillons dans ma boîte mail, un jour j’ai cru m’être fait pirater et avoir tout perdu. J’en ai presque pleuré mais heureusement j’ai tout retrouvé. Je dirais alors qu’il y a une longue liste d’avantage à cette astuce mais que l’inconvénient est le risque de tout perdre, le fait que Google ait accès à mes écrits et de, des fois, oublier certains textes entamés. Alors je les compile même s’ils ne sont que quelques mots parfois, quelques phrases dans un document Word et les imprime pour espérer ne rien en perdre. Même s’il faut apprendre à se séparer des choses, parfois.