Consommer moins mais mieux les Internets
De m’être éloignée des réseaux sociaux depuis plusieurs semaines maintenant (j’en parle ici et ici) j’ai pu réaliser combien rien ne m’y manquait. Il est très étrange de faire l’expérience de ce que l’on sait déjà : on ne découvre rien et pourtant tout prend sens. On passe de la tête au cœur. Ma tête elle, savait depuis longtemps mais mon cœur, lui, ne pouvait s’y résoudre. Il y revenait sans cesse dans l’espoir de trouver quelque chose de différent, d’intéressant, de distrayant.
Hier une pensée des plus banales est venue faire tilt. Alors que je fermais instagram après 30 minutes à scroller feed et stories, j’ai réalisé qu’il ne me restait rien de ce contenu consommé. Rien ne m’avait nourrie. Trop et trop peu tout à la fois, saturation d’informations survolées. Je n’avais été ni distraite, ni amusée, ni informée, ni intéressée. C’est une caractéristique suffisamment rare pour être soulignée : aucun autre loisir ne la partage. Une sieste, le visionnage d’une série ou d’un film, la lecture d’un article, d’un livre ou d’un magazine, l’écoute d’un podcast, une pause café seul.e ou accompagné.e, une séance de sport ou de méditation, une balade ou une heure de dessin, nos temps off nous nourrissent tous à leur manière. Ils peuvent être décevants, l’inspiration peut manquer, le timing n’est pas toujours le bon… mais pour chaque séance, même la plus ratée, il nous reste quelque chose, ne serait-ce que réaliser que la combinaison essayée n’était pas la bonne pour nous. Et entendons-nous, il n’est pas ici question de stimulation intellectuelle, même la comédie romantique la plus bas de gamme rentre dans ces cases pour peu qu’elle nous fasse rire, rêver ou même pleurer.
C’était la pièce du puzzle qui me manquait, des mots sur l’intuition d’un truc qui cloche. Tous ces paramètres en tête, je pouvais décider quelle place donner à cette stimulation continue qui ne laisse nulle trace sinon un épuisement psychique. Et ma réponse aujourd’hui est aucune. Si ce n’est pas malin « car tout se passe là-bas », je prends le pari de miser sur le contenu de fond car c’est celui que j’ai envie de consommer et donc de proposer. Comme pour la mode : consommer moins mais mieux les Internets. Prendre le temps de lire un article choisi sur son flux RSS – le choix, voilà un autre chapitre auquel nous n’avons plus voix sur les réseaux sociaux – prendre le temps d’écrire un article en plus de 1000 signes (facile pour celui-ci, je n’ai jamais su faire autrement), miser sur du contenu qui peut durer dans le temps et créer des oasis où aucune publicité n’a droit de cité. Je crois aujourd’hui les conséquences trop délétères du modèle proposé sur les réseaux sociaux actuels pour qu’aucune alternative ne vienne à les supplanter. Cela ne sera peut-être pas via les médias que nous connaissons déjà mais j’ose espérer que nous ne tolèrerons pas indéfiniment cette captation de notre temps où pour un contenu choisi il nous faut visionner 1, 2 ou 3 publicités.
Sep 08, 2020 @ 14:20:09
Je suis pleinement d’accord avec toi ! J’ai commencé par arrêter de poster ma petite vie sur Instagram (compte perso extrêmement modeste) car je souhaitais proposer un contenu plus riche tout en considérant que ce réseau ne s’y prêtait pas. Aujourd’hui si je continue à suivre l’actualité de mon fil, j’avoue que je me lasse de cette consultation compulsive. Je trouve plus enrichissant et plus stimulant de lire un article plus long sur un blog ou ailleurs… l’engouement pour les blogs est passé et je le regrette un peu… à présent je voudrais échanger différemment, ouvrir une autre fenêtre pour partager mes expériences et mes réflexions, mais j’admets qu’il est bien difficile de sortir du carcan des réseaux habituels. Quoi qu’il en soit j’aime beaucoup te lire ici !
Sep 08, 2020 @ 14:32:33
Intéressant de lire l’évolution de ta réflexion ! J’en suis en effet venue à me demander si supprimer complètement Instagram de mon quotidien ne serait pas la solution. Mais les blogs étant moins alimentés qu’auparavant je crains de manquer les quelques post ou actualités que je viens y chercher (les nouvelles de la Zad du Carnet racontées par mllebene, les photos de Florence La Mouette…). Comme tu le fais remarquer, je me sens cependant épuisée par la publicité omniprésente et agressive, les stories qui défilent… J’ai remarqué que le site internet d’Instagram est moins boulimique de temps (et obéit à mon addblock), plus calme. Il est plus facile d’y maîtriser ses clics et ce qui défile. Peut être vais-je continuer uniquement ainsi pour l’instant…
Après tes deux derniers articles, j’ai moi aussi installé Appblock, m’imposant non plus seulement une limite de temps mais aussi, comme tu le décris, des plages sans réseaux sociaux. J’ai tâtonné, et augmenté progressivement ces heures « blanches » (je crois qu’il faut s’autoriser des ajustements réguliers pour espérer changer ses habitudes avant de conclure trop vite que « ça ne marche pas »). Désormais, rien ne s’ouvre le matin, même pas mes mails professionnels. Et j’en ai ressenti un grand soulagement mais, étrangement et sans doute un peu tristement, il fallait pour cela que je n’ai plus le choix de cliquer sur le petit carré violet d’Instagram ou le f bleu de Facebook. Tristesse de voir que seuls des verrous peuvent faire barrage à ces réflexes virtuels.
Quoiqu’il en soit, merci sincèrement pour cette série d’article sans laquelle je n’aurais sans doute pas mis en place ces changements de stratégie !
À bientôt par ici
Sep 08, 2020 @ 19:19:35
Merci pour cet article très intéressant <3
C'est marrant, j'ai suivi quasiment le même cheminement que toi cet été, et comme toi, j'en arrive à la conclusion que autant la lecture des blogs m'apporte énormément, autant je ne retiens pas grand chose de mes rares excursions sur les réseaux sociaux !
Sep 09, 2020 @ 16:48:05
Je suis assez d’accord avec toi. J’ai des périodes de plusieurs mois ou je mets à peine les pieds sur Instagram, et quand je le fais, je regarde uniquement ce que mes amis ont posté et repars en 10 minutes. Je vis extrêmement bien cette absence des réseaux, même si pour mon métier ce n’est pas malin (je suis dans le marketing).
De la même manière, je ne mets plus jamais les pieds sur Twitter que je trouve, en plus d’être souvent inintéressant, vraiment malveillant.
Ces derniers temps, je repense beaucoup à la vie avant les réseaux sociaux et l’internet illimité. Je ne suis pas vieille, mais quand j’ai commencé mes études supérieures après le bac, en 2004, il a fallu 2 ou 3 ans pour que l’internet illimité apparaisse, en attendant, j’avais un forfait 15h par mois je crois, qui me suffisait amplement pour mes recherches et mon petit blog de l’époque.
15 heures par mois, tu imagines le temps que je passais à faire autre chose qu’être sur mon ordinateur ? À l’époque, Facebook n’existait même pas, et les téléphones téléphonaient et envoyaient des messages, point. Aujourd’hui, je n’imaginerais même pas n’avoir que 15h d’internet par mois…
Et pourtant, j’étais loin d’être malheureuse. Alors ces derniers temps, j’essaie. J’ai depuis longtemps fait en sorte que le soir, toutes les applis de mon téléphone se bloquent, mis à part les messages et les appels. J’ai récemment fait en sorte que les réseaux sociaux se bloquent sur mon ordinateur après une heure d’utilisation quotidienne, et tous les soirs à 22h. Et surtout, maintenant, chaque fois que je me mets devant mon pc, je me pose la question de pourquoi j,en ai besoin et ce que je vais y faire. Je l’identifie, je le fais, et je referme le pc. En gros, j’essaie de lui redonner sa place d’outil, et de me débarrasser de cette habitude de me poser devant « par défaut ».
C’est fou comme nos vies ont changé depuis qu’on a tout cela quand même. Bref, merci pour tes articles qui vont dans le sens de ma réflexion actuelle !
Sep 21, 2020 @ 14:31:31
Je suis à la fois d’accord avec toi et à la fois pas du tout – j’ai (trop) souvent le nez dans mon téléphone, certes, mais Instagram m’apporte souvent une fenêtre d’évasion dans mon quotidien, à travers de belles photos, des belles illustrations et de plus en plus aussi de réflexion avec des comptes plus politisés que je suis. Peut-être parce que je dois être la dernière à ne pas avoir de pubs sur ce réseau, je ne me sens pas totalement aliénée par ce dernier (même si parfois, bien sûr, je scrolle trop longtemps « pour rien »)
Par contre Twitter que j’adore et déteste à la fois mériterait que j’y donne moins d’attention – souvent l’ambiance là bas est anxiogène et triste, c’est un sorte de réseau maudit auquel je reviens pourtant tous les jours (ne serait-ce que pour balancer mes états d’âmes ou partager des petites choses par-ci, par-là)
Clairement j’ai besoin de prendre du recul, mais de là à les supprimer totalement de ma vie, je n’en ressens pas exactement le besoin…
Links I Love #171 | Whatever Works
Nov 15, 2020 @ 13:23:27
[…] Célie nous parle de sa diminution de l’utilisation des réseaux sociaux et même si je ne sui… (missblemish.fr) […]