Quand vient la fin
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J’ai retrouvé cette photo sur laquelle derrière ce pâle sourire je me découvre si triste. Et cela semble si loin, presque une personne différente dont j’aurais subtilisé les souvenirs. Et pourtant, je me souviens si bien. Ma copie qui se ferme sur des lignes griffonnées en hâte, non relues, bâclées et bientôt dans les mains d’un surveillant trente minutes avant la fin. Le petit lit sur lequel elle s’assoit, la musique qu’elle allume et son corps qui glisse. Ses fesses qui heurtent soudain le plancher puis elle toute entière qui s’écroule. Ce corps qui tressaute longtemps, la porte close, dans la lumière pâle de cet appartement désert. Seule. Corps marinant dans l’eau tiédasse d’un bain accompagné des chagrins de personnages de papier tout aussi désemparés devant leur propre et soudaine solitude. Portable silencieux et mots se dissolvant lentement dans le silence des clapotis plats de son menton gouttant. Tee-shirt blanc s’enfile sur cœur meurtri, chandail gris là où ses bras ont un jour suffi à tiédir la fraîcheur du soir. Corps qui court comme on s’échappe, sourire sur les routes enneigées aujourd’hui ensoleillées. Rues pavées de leurs souvenirs fanés qu’elle évite autant qu’elle les cherche. Instants excavés sur parking désert.
Et pourtant un matin, c’est terminé. Un peu mystérieusement, inexplicablement, l’aboutissement soudain d’un long chemin parcouru à petits pas sur lequel on ne savait pas même qu’on avait marché tous ces mois. Il n’y a plus ni larmes ni tristesse, même le manque de lui a déserté. Le passé récupère son dû, les souvenirs ne sont plus que cela, des souvenirs. Une date, un lieu, un évènement dans une chronologie dont les détails s’effacent peu à peu. Passage de la vie à l’histoire, des sentiments à la mémoire. Et soudain dire « Je te pardonne », tout bas, rien que pour soi, avant de conclure d’un « C’est terminé ». Ouvrir la porte à la fin, la vraie, pas de celle qu’on nous impose. Non, celle que l’on est prêt à recevoir. La fin qui frappe à la porte et s’essuie les pieds avant d’entrer. Celle que l’on prend dans ses bras et que l’on laisse repartir avec tout ce chagrin aujourd’hui étranger dans ses valises. Parce que tout est terminé.
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Juil 29, 2013 @ 09:32:20
Touchée en plein coeur.
Juil 29, 2013 @ 17:19:23
Oh :’)
<3
Juil 29, 2013 @ 09:50:42
Joli article. Triste histoire que je comprends tellement…. (il suffit de lire mon dernier article). Une seule chose à retenir : la vie continue <3
Juil 29, 2013 @ 17:20:08
Oui, comme tu as raison…
Courage
<3
Juil 29, 2013 @ 10:03:51
ça parait tellement simple dit comme ça mais c’est aussi des mois et des mois de cheminement… Mais c’est vrai, un jour, on se réveille et on se dit « c’est fini ». Et ce jour là, le bonheur non?, ce poids qui s’enlève de nos épaules.
Juil 29, 2013 @ 17:23:55
L’important c’est qu’au bout de ce chemin cette matinée existe pour de bon. Avec cette certitude, peut-être accepte-on plus facilement que ce chemin soit si long ?
Merci à toi d’être toujours présente au rendez-vous, merci encore et encore <3
Bises
Juil 29, 2013 @ 16:06:26
C’est toujours aussi doux ce que t’écris ! Je te financerai ton livre à venir :)
Juil 29, 2013 @ 17:26:07
Futur éditeur freelance ?
Merci pour ton commentaire, c’est très gentil, je suis touchée.
Bises
Août 15, 2013 @ 18:18:29
Je t’avais dit que je commenterai ce texte mais qu’il me fallait du temps, parce qu’il me fait mal autant qu’il me fait du bien. Parce qu’il fait appel a tous ces souvenirs, a cette fille qui s’ecroule dans un coin dans la gare, a cette fille qui s’effondre en larme a peine un pied dans le tgv, a cette fille qui s’ecroule dans les bras de sa meilleure amie, les larmes coulant sur ces jours, les cris qu’elle retient, les sanglots qui s’entendent de tres loin et cette detresse qui se lit sur son visage sans qu’elle puisse faire quelque chose, cette detresse qui l’assaillit et qui l’empeche de manger. Sauf que tout passe, tu lui as dit a cette jeune fille, et elle te croit, parce que dans la vie, tout passe, le temps est notre meilleur allie. Dans quelques mois, elle espere se reveiller et comprendre que tout ca est derriere elle, comprendre que ce fut beau et qu’il est temps d’ouvrir la porte a la fin, celle qu’elle aura apprivoiser, voulu et qu’elle ne lui claquera pas la porte au nez mais l’acceuillera les bras ouverts. Je vois tellement cette fille que tu decris, qui sort de son bain, enfile son tee shirt blanc, son chandail gris, qui finalement se releve petit a petit. C’est encore une tres belle fois bien ecrit, c’est comme si j’etais sur un coin de la baignoire, a la regarder, et a ecouter tes mots. Merci de mettre des mots sur ce qui est des fois, difficile a percevoir, difficile a ecrire. Je reprends la plume tout doucement et j’aimerais ecrire de si jolis textes, avoir une si jolie prose mais en attendant, je me drogue a ta plume, a tes textes qui me font du bien. Comme tu le dis dans une de tes reponses, le plus important au final c’est que cette matinee existe peu importe la longueur du chemin et les embuches qu’on a trouve dessus. Elle est la et on arrive a murmurer que tout est termine, comme un pied de nez a la vie qui des fois nous maltraire, comme un pied de nez a ce coeur qui s’est voulu si tetu. Des bisous ma jolie Celie et merci encore <3
Jan 03, 2014 @ 01:02:06
Je découvre ce commentaire que tu as laissé il y a quelques mois et qui s’était perdu on ne sait où, laissé sans réponse et si tu savais comme il me touche. J’aimerais avoir des mots assez grands, plus grands qu’un merci et pourtant… je suis démunie. Je suis touchée, vraiment, tant par le fait que ça t’aie parlé, que tu aies pu t’y retrouver ou du moins ressentir une empathie pour cette fille là dans son bain que par tes mots si gentils quand il s’agit de parler de ce que j’écris. Merci de me donner l’envie de continuer d’écrire, merci <3