Pourquoi je n’irai pas en vacances à Bali
Vendredi dernier j’ai écouté l’interview pour le site Brut d’Aurélien Barrau – astrophysicien aux positions engagées en matière d’écologie – à l’occasion de la sortie de son livre Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité. Dans cette interview il expose avec clarté et honnêteté un état des lieux de la situation environnementale actuelle avec notamment, la très inquiétante diminution des effectifs de milliers d’espèces et le risque d’extinction de millions d’autres encore. La sauvegarde du vivant et de notre propre espèce est le fil rouge de cet échange avec tous les changements pour nos sociétés que cet objectif impose. Avec beaucoup de pertinence il met néanmoins en avant la nécessité que ce poids ne soit pas porté par les moins favorisés d’entre nous mais bien au contraire par ceux qui ont le plus d’impact par les moyens qui leur permettent un mode de vie délétère pour tous.
Par mes valeurs c’est une position que je partage et défend et qui m’impose de reconnaître qu’elle s’applique à moi. Mangeant à ma faim chaque jour, avec un toit sur ma tête et encore de l’argent pour des loisirs, pouvoir réagir en cas de coup dur ou d’imprévu et envisager des voyages, je fais partie des plus favorisés dont Aurélien Barrau parle, en France et a fortiori dans le monde. C’est un fait facile à oublier au milieu des préoccupations, problèmes et difficultés quotidiennes qui nous concernent tous et pourtant elles n’enlèvent rien à la réalité de nos privilèges.
Voilà ce qui m’amène au titre de mon article – Pourquoi je n’irai pas en vacances à Bali – : parce que j’ai le luxe que ce soit pour moi une possibilité d’y aller. Et parce qu’ainsi je me sens la responsabilité pleine et entière de tout ce que ce choix implique, personnellement et collectivement. Voilà les questions que je me pose depuis que ce projet de voyage a été évoqué : Peut-on vraiment continuer à placer notre intérêt personnel (voyager, découvrir une autre culture, s’enrichir d’une vision du monde différente, voir, toucher, sentir des paysages qui ne sont accessibles qu’à travers des écrans le reste du temps) au dessus de l’intérêt commun ? Cette envie d’ailleurs est-elle encore pertinente et défendable ? Peut-on, nous privilégiés, continuer à voyager sans arrière pensée à l’heure où tous les signaux d’alarme sont au rouge ? Est-ce vraiment viable ?
Ce sont de vraies questions, loin de faire l’unanimité parmi mes proches qui ont été nombreux à lever les yeux au ciel, soupirer, s’indigner (et me qualifier d’extrémiste) quand j’ai abordé cette problématique. Pourtant, le « besoin de voyager » est culturellement très récent. Pourtant il y a énormément de destinations accessibles en train (1500 fois moins polluant que l’avion*) pour étancher notre envie d’ailleurs. Pourtant peut-être faudrait-il remettre en question cette dernière, loin d’être nécessaire, cruciale ou suffisante à notre bonheur.
Aurélien Barrau évoque la nécessité de transformer notre vision de ce qui est aujourd’hui socialement valorisé pour d’autres choix plus conformes aux impératifs qui s’imposent à nous. Que ça devienne ringard d’avoir une voiture de sport, d’aller à Bali, de consommer sans compter… C’est tout le cheminement que j’entreprends par rapport au voyage actuellement. Mon envie d’ailleurs est elle aussi construite socialement, au-delà bien sûr de tout ce que le voyage a de merveilleux et d’enrichissant sur le plan personnel. Aujourd’hui je réfléchis donc à trouver ces bénéfices autrement, ailleurs, par des voies qui ne nécessitent pas de polluer autant pour les obtenir. Et j’ai répondu à toutes les questions précédentes par la négative : je ne souhaite pas que mes loisirs, dispensables, contribuent à la destruction de tout ce qui nous entoure. Aussi faible cette contribution puisse sembler, prise isolément. Car tout mon mode de vie est susceptible, quotidiennement, d’impacter négativement notre environnement. Et c’est déjà bien trop pour moi. Si je consens à tous ces petits gestes quotidiens dont l’impact est si faible et pourtant si nécessaire, je ne peux pas ne pas consentir à celui-là dont le poids surpasse tous les autres et le rend d’autant plus pertinent et indispensable.
J’avais envie de partager cette réflexion et cette décision avec vous car si je suis énormément de personnes qui partagent cette vision – au premier rang desquelles Bénédicte, les discussions avec mes proches m’ont montré que c’était loin d’être un sujet abordé par tous et partout. Que ce n’était souvent même pas un sujet et pour moi la première il y a encore quelques années de cela. Pourtant je suis sûre qu’il y a beaucoup à gagner à en parler et à réfléchir ensemble à cette question. Je serais donc très heureuse de pouvoir lire votre propre rapport au voyage, au tourisme et à son impact sur l’environnement. Comment envisagez-vous ces relations ? Avez-vous vu votre rapport au voyage changer ces dernières années ?
Merci d’avoir pris le temps de me lire et d’avance pour votre bienveillance dans les échanges qui suivront. Mon idée est d’ouvrir une conversation apaisée et constructive sur cette question, au-delà de mon seul choix personnel que je ne pose pas en exemple à suivre mais comme une possibilité à réfléchir.
Ressources soufflées dans les commentaires : Pour sauver le climat faut-il renoncer à l’avion ? Quelques mesures de sobriété
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Mai 22, 2019 @ 18:28:32
Bravo, et merci Célie !
Je fais partie de ceux qui n’ont pas le loisir d’envisager aller à Bali. Pourtant jusqu’à il y a peu, c’était dans ma bucket list. Jusqu’à ce que je réalise que ces envies d’ailleurs, n’étaient pas vraiment les miennes, et que j’avais pas à en rougir, pas plus que de n’avoir pas les moyens de les réaliser.
Je vis un peu plus apaisée maintenant, de n’avoir pas envie de prendre l’avion pour le bout du monde.
J’apprécie ta sincérité, et je te remercie, vraiment, de partager ton cheminement sur cette question tortueuse, qui remue beaucoup d’émotions je crois, dans celles et ceux qui ont l’habitude de parcourir le monde. Bises !
Mai 23, 2019 @ 08:51:01
Merci Pauline pour ton message. J’ai eu l’occasion de constater effectivement en échangeant avec des personnes de mon entourage que le simple fait de questionner ce comportement pouvait être intolérable. Et je ne vais pas mentir, si j’arrive assez facilement à tirer un trait sur les destinations les plus lointaines, l’envie de voir/connaître/découvrir voire même vivre dans les pays scandinaves ne m’a pas quittée malgré tout ce que j’expose. Je reste tiraillée. Mais je pense que cela peut changer. En explorant les alternatives pour y aller tout de même, de façon moins polluante. En déconstruisant ce besoin d’ailleurs. En cheminant un choix après l’autre. Je pense que l’une des choses les plus difficiles est d’envisager ce choix comme un renoncement définitif là où en fait il est loin de fermer toutes les portes. Surtout il en ouvre d’autres, négligées.
Je te souhaite une belle journée,
A très vite !
Mai 22, 2019 @ 18:41:02
Article très inspirant. C’est vrai que lorsqu’on ne fait (pourtant) qu’évoquer l’idée d’un changement de vie, c’est très vite une levée de boucliers qui se fait… C’est un combat de longue haleine que l’on mène, et parfois c’est vrai qu’il faut s’accrocher.
Courage et encore merci pour ton article !
Mai 23, 2019 @ 08:30:52
Merci pour ton message ! J’ai de la chance, mes proches sont habitués à ce que je questionne un peu tout alors, globalement ça va quand même (même s’il ne partage pas mon point de vue) ;)
Belle journée à toi et à bientôt !
Mai 22, 2019 @ 19:52:45
C’est un article personnel très enrichissant :-) Comme toi, je me questionne de plus en plus sur mes envies « d’ailleurs » : est-ce que je peux me prétendre écolo au quotidien tout en « épuisant » mon quota carbone/pollution pour 2 à 3 semaines par an ? Est-ce que j’ai réellement besoin de cet ailleurs, ou est-ce que ce besoin est induit par notre société ? Alors, voilà, depuis quelques mois, quelques années, je me penche de plus en plus sur la question, sur mes envies réelles et j’essaie d’être le plus en accord entre mes « idéaux » et mes actions et d’éviter des contradictions aberrantes :) Tant pis pour Bali, même si ses plages me font rêver !
(Je te laisse en lien mon article que j’ai rédigé à ce propos il y a un peu plus d’un an :
https://www.horsdutemps.fr/reflexion-ecologie-voyage/ )
Mai 23, 2019 @ 09:02:09
Merci pour ton message Julie. J’ai parcouru ton article et particulièrement apprécié l’infographie de l’ademe sur le voyage, je trouve qu’elle condense de façon super lisible les données clés du problème.
Belle journée à toi et à bientôt !
Mai 22, 2019 @ 19:53:26
J’ai grandi avec un papa dans l’aviation civile, ce qui fait que j’ai beaucoup voyagé enfant et adolescente. Le voyage était donc comme une norme pour moi, et en entrant dans l’âge adulte, j’ai continué à voyager.
Comme toi je pense, j’ai pris conscience, de plus en plus, de l’impact écologique de ces voyages et je les ai progressivement freinés.
Je reste, à mon sens, loin d’être parfaite sur ce point, puisqu’il y a un an tout pile, j’ai pris la décision de partir vivre au Québec. Depuis un an et mon arrivée ici, je n’ai pas pris l’avion, je me compte pas l prendre pour aller aux États-Unis ou en Amérique Latine, justement pour des raisons écologique. En revanche, je n’ai pas vraiment d’autre choix que de le prendre pour voir ma famille en France. J’essaie donc de réduite au maximum les voyages (je n’y retournerai qu’en octobre, au bout d’un an et demi sans les voir, donc) mais je ne peux pas m’empêcher de culpabiliser.
Et d’un autre côté, en France j’avais une voiture que je devais utiliser quotidiennement et pour faire des trajets parfois importants pour le travail, à Montréal je fais tout en transport en commun et même le plus possible juste à pied. J’essaie de me consoler en me disant qu’au moins, j’ai évité un an entier d’utilisation de ma voiture avec cette nouvelle vie.
C’est vraiment compliqué, et donc toute l’importance du sujet aussi, de s’affranchir de nos habitudes, d’abandonner ce « confort » que l’on avait acquis, mais qui est néfaste pour la planète, de tout remettre en question, parfois envers et contre tous, et de devoir constamment justifier nos choix auprès des autres… Et comme toi, je considère qu’en tant que favorisée (je suis loin d’être riche mais je peux me loger, me nourrir et payer mes loisirs en restant raisonnable sans problème), c’est clairement mon devoir de faire cet effort, car finalement, nous sommes, avec les riches, la classe sociale qui pollue le plus, et aussi celle qui a l’espace mental disponible pour prendre cet engagement.
Mai 23, 2019 @ 08:29:35
Merci pour ton message ! La question des voyages faits pour aller voir sa famille est une question à part entière pour laquelle je réponds actuellement de façon totalement différente de celle du voyage-loisir (pareil pour les voyages professionnels dans une moindre mesure – hormis ceux déraisonnables en terme de distance/durée de séjour). C’est une vision très personnelle mais je place le fait de voir ma famille très haut dans l’échelle de mes besoins et donc forcément, je ne vois pas ce fait-là comme dispensable. Pour ma part j’ai la chance de pouvoir m’y rendre facilement en train mais pour toi qui habite très loin, tu n’as pas le choix et c’est un questionnement totalement différent du voyage-plaisir-loisir. J’espère que tu trouveras l’équilibre qui te convient pour concilier au mieux ces deux besoins sans arrière pensée.
Bonne journée à toi, à très vite !
Mai 22, 2019 @ 20:38:54
Bonsoir !
Je ne suis pas d’accord avec ces considérations car aller voir ailleurs m’a toujours été une nécessité, et même si mes « ailleurs » privilégiés sont nichés dans les romans que je lis (la lecture restera mon moyen d’évasion préféré), je ne considère pas que vouloir découvrir le monde et ses merveilles soit un réflexe culturel.
En revanche, j’apprécie comme toujours la nuance et le calme avec lesquels tu t’exprimes. Je pense que les réactions que tu décris, comme l’obligation de se justifier abordée dans les commentaires, sont le produit de la défiance des gens envers eux-mêmes. Il me semble que certains sont si « insécures » (pardon pour l’anglicisme) qu’ils perçoivent chaque déviation par rapport à leur modèle comme une attaque. En réalité, ce sont eux qui cherchent à se justifier en demandant aux autres de s’expliquer. Je ne crois pas qu’il faille entrer dans leur jeu, et je pense que vivre selon ses convictions est le meilleur moyen de convaincre.
Mai 23, 2019 @ 08:22:02
Merci pour ton message Nathalie, je suis vraiment heureuse que le ton de l’article t’ait permis de te sentir libre d’exposer une opinion différente de celle exposée. Je te rejoins sur ce que tu dis de l’obligation de se justifier, je pense que cela participe beaucoup à l’inertie car tout changement, aussi personnel soit-il (je pense notamment au contenu de nos assiettes), amène des questionnements qui se transforment souvent en attaque. Bien sûr nos choix différents renvoient quelque chose des choix personnels de chacun mais il n’y a bien souvent aucune volonté de jugement derrière ces changements.
Je note précieusement ta réflexion sur le voyage comme réflexe culturel ou non, cela mériterait de se pencher de façon plus théorique sur la question.
Belle journée à toi et merci encore pour ton message !
A très vite !
Mai 23, 2019 @ 09:36:02
Merci pour cet article très bien écrit ! Il est important en effet de soulever cette question sur le devenir du « voyage ».
Je me pose de plus en plus la question sur notre impact avec les différents moyens de transport. J’essaye de faire de mon mieux en tout cas pour essayer de réduire mon impact personnel.
Mai 24, 2019 @ 19:46:20
Merci pour ton petit mot. Je crois en effet que c’est la première étape, se poser la question et essayer de faire de son mieux à partir de là. Ce n’est pas forcément évident car cela demande de déconstruire tout un tas de croyances et d’habitudes.
A très vite !
Mai 23, 2019 @ 10:10:43
C’est tout à ton honneur de respecter tes convictions, je trouve ça très beau et courageux… Moi ça me laisse totalement admirative et je ne lèverais pas les yeux au ciel si une amie me disait la même chose.
Je pense qu’il ne faut pas s’interdire les choses qui nous font vraiment envie / rêver, mais plutôt les sélectionner sur le volet (en choisissant des destinations moins à risques, plus proches… etc). Je n’ai pas beaucoup réfléchi à cette question car je ne prends l’avion qu’une fois par an en moyenne et en toute honnêteté je n’avais pas le sentiment « d’abuser », mais ton article et ceux de nombreux blogueurs me font réfléchir à la question autrement.
Ton article est très intéressant en tout cas, merci !
Mai 24, 2019 @ 19:50:28
Merci Anne pour ton message ! Je ne suis pas étonnée que tu ne fasses pas partie de la team « je lève les yeux au ciel » et ça fait du bien :) Comme toi je pense que c’est à chacun de s’interroger sur ce qu’il y gagne, ce qu’il y perd, ce qui est important/prioritaire et ce qui peut au contraire être abordé différemment. Je pense également qu’il y a une question de temps, la remise en cause du voyage-loisir en avion n’est questionnée dans les tribunes des médias largement suivis que depuis peu de temps.
Je te souhaite un bon week-end, à très vite !
Mai 23, 2019 @ 10:35:42
Réflexion inspirante, c’est également un sujet qui me travaille en ce moment, d’une part à cause de l’impact écologique de l’avion, et de l’autre à cause du tourisme de masse qui détruit ce qu’il touche. Et effectivement j’ai pu constater dans mon entourage ou sur internet que remettre en question notre droit à voyager partout suscite des réactions épidermiques.
De mon côté, après avoir drastiquement réduit mes trajets en avion et lu pas mal d’articles sur le sujet, je n’irai pas jusqu’à la suppression complète des voyages en avion (en tout cas pour le moment) et je pense plutôt m’orienter vers une consommation raisonnée : pas tous les ans, privilégier les autres modes de transport quand ils existent (je vais en Écosse en train cet été ^^), jamais l’avion en France ou vers des pays limitrophes, choisir mes destinations avec soin (je n’irai pas à Barcelone), et sur place être vigilante quant à l’impact environnemental que je pourrais avoir… En tout cas j’en suis là aujourd’hui. ça m’aide aussi de n’être que peu sensible aux effets de mode en matière de destinations touristiques… (aucune attirance pour Bali ^^)
Je te mets l’article qui a le plus nourri ma réflexion à ce sujet : https://blogs.alternatives-economiques.fr/gadrey/2018/10/13/pour-sauver-le-climat-faut-il-renoncer-a-l-avion-2-quelles-mesures-de-sobriete
Mai 24, 2019 @ 20:02:13
Merci beaucoup pour ton message et pour cet article qui est effectivement extrêmement intéressant et que je vais rajouter en ressource dans l’article. C’est drôlement chouette d’aller en Ecosse en train et cela commence à représenter un sacré effort car ce n’est pas « si près » que ça !
Belle soirée à toi et à très vite !
Mai 23, 2019 @ 11:07:59
Je te rejoins complètement sur l’aspect culturel, on a hérité d’un imaginaire de découverte, d’exploration, très propre aux pays riches… avec un héritage colonial au passage : un livre que j’avais beaucoup aimé il y a quelques années, « Elles ont conquis le monde » (sur les exploratrices) m’avaient fait prendre conscience de ça. Les grands explorateurs et exploratrices sont blancs et vont « explorer » ailleurs des contrées habitées par d’autres, les cartographient etc… Même si la curiosité et la soif de découverte ne sont pas propres à une culture, on s’inscrit quand-même dans une construction sociale particulière, on est imprégnés de récits de voyage, de documentaires, de reportages photo. Et c’est la plupart du temps l’aventure de la personne blanche allant dormir dans un endroit sauvage etc. Je suis de plus en plus gênée ou en tout cas questionnée par ça mais je m’inclus complètement dans ces critiques. Car pour le coup moi j’ai vraiment une soif d’aller voir ailleurs, de ressentir d’autres ambiances, de dialoguer sur place avec les gens etc. Mais je pense qu’on peut le faire autrement : on a beaucoup de diversité près de chez nous déjà ! Je réfléchis aussi à la possibilité d’un long voyage sans avion. Il y a des pistes mais elles impliquent de repenser notre rapport au temps, à la contrainte spatio temporelle, au travail aussi.. et on est pas égaux devant tout ça, clairement. Y’a des questions politiques fondamentales derrière le tourisme et les voyages
Mai 24, 2019 @ 20:13:48
Merci pour ton message Irène, tu as entièrement raison de souligner l’aspect colonial de notre conception du tourisme. Et la manière dont on parle des touristes qui viennent d’anciens pays colonisés en dit long sur notre rapport au voyage que l’on considère inconsciemment comme nous étant « réservé ». C’est tout un pan qui mériterait de faire des recherches théoriques car je suis sûre que des chercheurs en sociologie ont du se pencher sur la question. Dans tous les cas, c’est passionnant et cela permet je pense une saine remise en cause.
Bonne soirée et à très vite !
Mai 23, 2019 @ 11:15:55
Coucou, merci infiniment pour ton article, je me reconnais beaucoup dans tes mots. Mon alternative est de voyager avec des transports doux (j’ai choisi le vélo), cela prend assurément plus de temps et demande plus d’efforts. Si l’on veut aller à Bali depuis la France, c’est possible, mais extrêmement « contraignant » car cela prendra des mois. Mais ça change complètement notre manière de voyager, de percevoir les pays que l’on traverse, de comprendre les cultures, les individus, les modes de vie. C’est bien plus enrichissant à mes yeux !
Mai 24, 2019 @ 20:09:07
Merci ton message, c’est extrêmement inspirant de te lire ! En effet, voyager avec d’autres moyens de transport change et l’échelle et le voyage. C’est une autre aventure, sans doute plus consciente et plus mûrie par les efforts qu’il faut consentir pour le concrétiser. Je trouve ça génial de réinventer ainsi la mobilité.
Bonne soirée et à très vite !
Mai 23, 2019 @ 12:19:13
Coucou !
Je fais beaucoup pour l’écologie et ce depuis mes 16 ans. Cela fait 12 ans que je suis végétarienne, que je fais très attention à mon consommation. Cette année, mon quotidien va aussi changer, j’ai décidé de ne plus prendre l’avion. Pourtant j’aurai comme toi les moyens de le faire. Bali m’attend, le japon et le canada aussi. J’ai déjà bien voyagé mais c’est un creuve coeur de me freiner. J’ai honte de prendre l’avion, honte de savoir à quel point ça pollue donc je ne peux plus. Et c’est dur… :/
Line de https://la-parenthese-psy.com/
Mai 24, 2019 @ 20:14:48
Merci Line pour ton message :) Et bon courage pour cette transition, ce n’est pas facile de changer nos habitudes !
A très vite !
Mai 23, 2019 @ 15:28:05
Merci pour cet article ! J’ai de mon côté choisi de limiter mes déplacements longs en avion si je ne peux pas y rester au moins deux semaines… ce qui revient à ne plus partir loin. Sans réussir à le formuler aussi clairement, il s’agit bien d’écologie, et d’aller à contre-courant de la consommation, superficielle, de voyage et de lieux courus. Par contre, pour ce qui est des weekends, je suis loin d’oser la mobilité douce… c’est encore beaucoup de temps et d’organisation, à travailler cette année ! Encourageons-nous ! :)
Mai 24, 2019 @ 20:16:44
Oui, chaque échelle amène ses défis ! C’est tout une manière de voyager qui est à réinventer lorsque l’on prend en compte cet aspect-là du voyage et forcément cela prend du temps d’apprendre à faire différemment. Je te souhaite de trouver le juste milieu qui te permette de concilier envie d’ailleurs et convictions écologiques.
Belle soirée à toi et à très vite !
Mai 23, 2019 @ 17:16:37
Ayant très peur de l’avion, c’est un moyen de déplacement que je n’utilise jamais :-). Je sens quand même une certaine évolution des mentalités : avant on me conseillait de faire des stages pour remédier à cette phobie, comme si c’était un problème qu’il fallait résoudre, parce qu’il me faisait perdre de belles opportunités (on ne parle pas de voyager pour le travail !), maintenant plus jamais. Les gens ont l’air presque soulagé, du genre : une pollueuse de moins !
Par contre je voyageais en train assez loin (800 km) et depuis qque temps, j’ai envie de voyager plus près (200/300 km max). Je vis à Lille et j’ai enfin visité le parc de l’Avesnois, puis l’Ardenne belge : c’était génial, peu de route, pas de fatigue et pourtant une vraie impression de dépaysement.
Beaucoup de gens vivent dans de très beaux lieux qu’ils ne visitent jamais. Je prends par ex. ma soeur qui vit en Bavière : elle part en Sicile, aux Seychelles, mais quasi jamais en Autriche, en Pologne qui sont tout près ou dans d’autres régions d’Allemagne. Un jour elle va quitter l’Allemagne et voudra peut-être y retourner comme touriste ! Et tous les expatriés autour d’elle sont comme ça.
Après il est indéniable que le voyage lointain à un rôle de valorisation sociale et que certaines destinations sont plus flatteuses que d’autres. Il est temps, je pense, que notre valeur individuelle ne tienne plus au nombre de km parcourus !
(Ma contribution à cette intéressante réflexion est un peu brouillonne, héhé.)
Mai 24, 2019 @ 20:19:47
Je trouve cette anecdote particulièrement parlante, merci de l’avoir partagée ici ! Je me retrouve dans le constat que tu fais, en effet autour de moi et moi incluse, les destinations lointaines sont souvent privilégiées alors même que nos environs proches n’ont jamais été explorés. Et il y a beaucoup de résistance à le faire ! Je pense que la rareté du temps libre et des vacances joue dans cette résistance, il y a un besoin d’exceptionnel là où l’on ne se rend pas toujours compte qu’il y a de l’exceptionnel à portée de train bien souvent. J’espère découvrir mieux les villes alentours et les régions de France dans les années à venir à la faveur de cette décision de limiter drastiquement l’avion.
Belle soirée à toi et à bientôt !
Mai 25, 2019 @ 13:41:33
Je trouve que ce que tu dis est très courageux. L’effondrement qui arrive nécessiterait un sacrifice de tout le monde et des lois différentes. Que l’on puisse voyager un an après le bac pour s’ouvrir l’esprit mais qu’après, un seul voyage en avion soit toléré par an et encore.
Mai 27, 2019 @ 17:43:39
Ton article est très intéressant et j’aimerais parvenir au même stade que toi. Je reviens de 3 semaines en Colombie et en plus du vol A/R (avec 1 escale à chaque fois), nous avons pris 5 cols intérieurs… C’est un grand pays, les routes sont peu sûres et nous voulions « rentabiliser » notre voyage, voir le plus de choses possibles. Tous ces vols m’ont mise assez mal à l’aise, non seulement par leurs émissions de CO2 mais aussi par le nombre de déchets plastiques produits en un seul vol.
Voyager est ma grande passion, mais si je ne crois pas encore être prête à renoncer à l’aviation, ce « trop plein » de vols m’a remis les idées en place et pour mes prochaines vacances, je réfléchirai plus longuement aux moyens de réduire mon empreinte carbone.
Je fais très attention au quotidien à acheter sans plastique, à manger vegan et local, et réduire quasi à néant tous mes efforts par mes voyages me rend bien amère.
Merci de partager tes réflexions !
Mai 31, 2019 @ 10:57:43
Ca fait plaisir de voir que des gens se questionnent sur ce point.
L’écologie me tient particulièrement à coeur et j’ai quelques envies (3) d’ailleurs où il me faudra prendre l’avion.
Je n’ai pris l’avion que 3 fois en 37 ans (dont 1 fois pour la corse) et donc, je pense que je me l’autoriserais certainement.
Bon week end à toi
Juin 04, 2019 @ 16:16:31
Bonjour! Tu as réussi à traduire ce que je ressentais depuis quelques semaines. J’ai pris mon billet pour Bali il y a 2 mois et étant écolo dans l’âme je me sens nulle et coupable d’avoir fait ça. Je regrette de ne pas avoir eu cette réflexion plutôt dans l’année… je ne souhaite plus prendre l’avion ou alors de manière très occasionnelle. Cela fait désormais partie de ma démarche de changement de vie
Juin 07, 2019 @ 17:42:56
Moi non plus je n’irai pas à Bali, ni aux Seychelles ni aux Maldives, ni même à Londres ou en Australie ou aux Etats-Unis où j’ai vécu, car j’ai fait le tour du monde, mais je suis maintenant maman solo de jumelles de presque 10 ans et je n’ai pas le luxe de pouvoir me payer des voyages à l’autre bout de la planète, même si j’aimerais bien leur faire découvrir la Guyane française, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, le Portugal et toutes les merveilles que j’ai découvertes quand j’étais jeune.
J’espère qu’elles auront le virus du voyage comme moi, c’est visiblement de famille (origine franco-portugaise avec du sang vietnamien et des ancêtres hébreux avec des parents qui se sont rencontrés en Centrafrique), mais nous avons le luxe de vivre sur la côte à côté de Sète, dans l’un des rares lieu non-touristiques et la mer y est d’un vert émeraude, tout est propre et seulement les locaux y viennent, et c’est mon amoureux alsacien qui m’a fait découvrir alors que je suis d’ici.
On y a passé selon elles l’an dernier les plus belles vacances de leur vie: barbecue, plage, glaces, rosalie, balades sur le Mont Saint-Clair et petit apéros le soir avec nos « triplés » sur la place de l’hôtel de ville avec balade main dans la main en amoureux avec les nains qui couraient devant ou derrière dans les rues piétonnes (le fils de mon amoureux a le même âge que mes filles), c’était génial.
Et puis les vacances c’est également fait pour se REPOSER… Quand tu as besoin d’une semaine de vacances pour te remettre du jetlag, de la fatigue des visites ou des enfants hyperactifs, merci
Juin 25, 2019 @ 11:47:53
J’ai pris l’avion 1 fois dans ma vie à une époque où l’on ne parlait pas encore (du moins aux JT…) de bilan carbone. J’ai toujours eu envie de voyager sans jamais le faire autrement que dans les livres ou en regardant des documentaires. Mes seuls déplacements ont été en train, en voiture ou bateau et toujours dans l’hexagone parce que travail/famille/nid à construire… Rien à regretter, je n’ai pas sauvé la planète mais je vois bien que l’être humain, dans sa grande majorité, privilégie ses plaisirs perso avant de penser à celui des autres. Ne prennent l’avion pour les vacances que ceux qui en ont les moyens et pour le travail que ceux qui veulent faire plus d’argent. D’autres voyageurs, de plus en plus nombreux rament et se perdent en mer sous le regard des autorités qui les laissent se noyer, et repoussent hors de nos frontières ceux qui débarquent des soutes d’avions…
Maintenant je n’ai même plus envie de bouger de chez moi mais j’ai toujours eu envie de voyager sans jamais le faire autrement que dans les livres ou en regardant des documentaires, simplement parce que pas assez courageuse pour contrecarrer l’autorité parentale et coulée dans le moule des petites filles sages. Je voyais la retraite à marcher pour découvrir la France, la santé m’enlève cette possibilité…. Si je devais revenir pour une autre vie, j’aimerais faire comme ceux qui voyageaient / voyagent encore… à pied, à cheval, en vélo, en voilier comme Alexandra David Neel, Marco Polo, Jacques Cartier, même Christophe Colomb… pas pour coloniser et détruire des civilisations, juste pour les beautés que notre planète nous offrait et que mes petits enfants ne connaitront que sous cloche si l’humanité continue sur sa lancée.
Sir Edmund Hillary a sans doute été un exemple pour les alpinistes qui sont en train de détruire le plus haut sommet de la planète …vous voulez que la pollution baisse sur le toit du monde, fermez donc les aéroports népalais et tibétains. Ceci dit sans aucune jalousie mais complètement écœurée par le comportement de mes contemporains 1° de cordée ou suiveurs.
Juil 26, 2019 @ 19:37:11
C’est fou comme tout est relatif quand on considère ce qui est socialement valorisé ; jusqu’à récemment, je me sentais lésée d’avoir peu voyagé et presque honteuse de préférer découvrir l’Europe du Nord ou ma Bretagne, plutôt que l’Amérique du Sud. Mais quand on réalise que relativement aux cercles écolos, cette position est valorisée, on se rend compte que beaucoup de nos projections sont fonction de ce qui est valorisé dans la société ou dans notre cercle d’influence.
Puisque cette relativité est extérieure, je me suis recentrée et demandé ce qui moi m’importait et me faisait du bien. Eh bien, la protection de la planète passe avant l’image de rêve du voyage sur une île accessible en avion ; et découvrir un territoire proche m’apporte autant de bonheur que de partir loin ;)