Et soudain l’heure de se dire « au revoir »
Ainsi donc, il était parti. Au début, je ne m’aperçus de rien. Bien sûr il y avait quelques réminiscences fugaces des cris, des larmes, des rires pathétiques. Notre complicité comme une maladie incurable. La fin ne ressemblait pas à la fin. Elle appelait encore un demain, un après-demain et pourtant nous savions que nous jouions la dernière scène. Celle qui clôt la pièce. Plus de place pour la rancune et la rancœur. Oh, nous nous y amusions quelques instants mais, c’était plus fort que nous. Comme deux enfants nous reprenions le film, les meilleurs moments. Les débuts, le milieu, le silence. Plus la liste de nos souvenirs s’allongeait, plus je nous trouvais absurdes, tous les deux si proches et pourtant déjà si loin. Nous nous infligions la dernière blessure. Celle du gâchis. Celle du raté. Il fallait bien faire naître quelques « si seulement… » pour hanter le vide que l’absence de l’autre créerait. Alors nous bricolions, nous racontions, nous faisions tomber les masques mêlant sentiments remâchés et compliments ajustés. Nous disions ce que l’autre voulait entendre et que peut-être nous nous étions toujours refusé à dire. Pourquoi pas même à ressentir ? Le jeu de l’honnêteté ressemblait à une comédie mensongère. Celle de deux êtres qui auraient bien voulu s’aimer encore un peu mais qui se quittent quand même. Parce que. Il faudrait lui tordre le cou à ce « parce que ». Lui apprendre la vie. Peut-être comprendrait-il ainsi la cruauté du désordre qu’il semait dans la nôtre. Dans la mienne. Surtout. L’égoïsme est un ingrédient clé sans lequel aucun chagrin d’amour ne saurait exister. J’étais donc la plus triste par définition. Je lui accordais tout de même le droit de se penser le plus malheureux de son côté. Personne n’est à l’abri de cruelles erreurs de jugement. Plus de nouvelles, pas d’appels, pas de messages. Nous étions deux étrangers parmi tant d’autres. Et c’est là, au milieu de cette absence de toi que je découvris la cruauté du « Jamais ». Jamais plus je ne m’endormirais nue dans tes bras et plus jamais je ne me réveillerais avec toi. Et la liste s’allongeait. Encore. Sans que je puisse l’en empêcher, interminable inventaire de toutes les expériences que nous ne partagerions jamais. Je goûtais à la perte la plus terrible qui soit : la perte du futur.
Effacé.
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Avr 09, 2013 @ 20:34:29
On voit clairement à travers tes mots l’absence douloureuse, celle qui fait qu’on est tout simplement perdu, celle qui s’impose, celle qui ignore ; l’absence la plus indifférente qui soit.
Ça me rappelle la chanson « Ton autre chemin » de Jean-Jacques Goldman…
Avr 10, 2013 @ 16:05:43
Jean-Jacques Goldman, mon idole (oui j’ai des goûts musicaux discutables au regard de certains…)(bref)
Encore une fois merci d’être passé par ici et d’avoir laissé un petit mot :)
Bises
Avr 11, 2013 @ 21:07:13
Le seul truc à dire à propos de tes goûts musicaux c’est qu’ils sont excellents alors !
Ça me fait toujours plaisir de laisser un mot ici. :)
Avr 10, 2013 @ 12:05:03
Il est très touchant, ton billet..
Avr 10, 2013 @ 16:04:26
Le mystère des deux points de suspension ;)
Merci pour ton petit mot !
Bises
Avr 10, 2013 @ 21:15:31
Ton article m’a donné envie de fabriquer des images, il en a fait défiler tout plein devant mes yeux.
Avr 10, 2013 @ 21:55:36
Quelle joie d’être une source d’inspiration ! N’hésites pas à partager ici les éventuels fruits de ces envies de création :)
A très bientôt j’espère !
Bises
Avr 11, 2013 @ 11:44:22
les larmes aux yeux, un peu.
Août 15, 2013 @ 17:58:48
J’ai lu et relu ce texte. Je l’ai lu quand je sentais la fin arriver, je l’ai lu quand la fin est arrivee et je le relis maintenant, quelques semaines apres avoir jouer notre derniere scene, apres lui avoir dit au revoir. Mais comment dit on au revoir a quelqu’un que l’on aime ? Claque t’on juste la porte derriere soi, emportant souvenirs, rires et pleurs dans la meme poignee pour que tout devienne poussiere ? Dire au revoir sans vraiment le dire, attendre que le temps fasse son oeuvre, se dire que tout va bien se passer, qu’il y aura un avant, un apres. De la douceur, de l’affection pour tous ces moments passes, tous ces mots qu’on s’est dit. Se dire que c’est un bout de nous qu’on laisse pour mieux se retrouver. Se dire que c’est lui dans son entierete que l’on laisse pour mieux se retrouver, pour se laisser une chance. C’est faire la liste de toutes ces choses qu’on ne fera plus, qu’on ne fera jamais. C’est commencer a apprivoiser ce jamais qui fait si mal, c’est apprivoiser cette douleur qui va s’immiscer peu a peu pour disparaitre par la suite. C’est se prendre des claques de moins en moins grosses tous les jours, c’est se reveiller avec son image mais penser a autre chose en se couchant, c’est mettre des mots difficilement sur la fin qui appelle un demain, un apres demain, qui n’arriveront pas, car la fin c’est la fin, c’est brutal, c’est plus de sms, plus d’appels, plus d’emails. Plus rien se raconter, faire sa vie sans lui, qu’il fasse la sienne sans nous. C’est accepter et petit a petit se detacher des souvenirs pour les enfermer dans notre jolie boite a souvenirs et les ressortir un jour et se dire que ce fut beau finalement, qu’il a ete lui que j’ai ete moi, pour un instant de vie, pour les moments qu’on s’est accorde. qu’on etait jeunes et beaux, avec des reves et qu’on les a partage meme un court instant. C’est ne pas regretter cette fin, c’est ne plus le regretter lui.
Fév 15, 2014 @ 13:00:49
Je ne sais pas si on peut dire ça comme ça, mais tout au long de ton histoire, j’ai trouvé qu’au final ta peine était « belle ». Ce n’était pas des plaintes inutiles comme on peut en lire parfois sur les réseaux sociaux, j’ai eu l’impression au final que ça t’a un peu aidé au fond d’en parler et de te livrer. C’est bien pour ça que parfois internet, ça a du bon. Ton billet est très joli, les mots terriblement bien choisi, une séparation est toujours très dure, c’est comme si d’un coup le sol se creusait autour de nous, on est partagé entre la colère, l’envie de crier après tout le monde, même nos amis les plus proches, et celle de s’effondrer dans leurs bras pour pleurer en silence.
Mais comme pour tout, tu finiras par avancer un peu plus, te dire que la vie est encore longue et que tu pourras connaître une nouvelle histoire qui qui sait sera peut être encore plus belle ?
Bon courage <3
Fév 16, 2014 @ 15:48:30
Merci pour ton petit mot. Je ne sais pas si ma peine est « belle » mais j’essaye de toutes mes forces de ne pas nourrir une rancune inutile. En parler m’a fait énormément de bien, vos petits mots à tous encore bien plus. Le chemin sera long mais, j’ai de bonnes baskets ;-)
Bises
Jan 20, 2015 @ 16:39:05
Salut
J’ai aimé cet article et pourtant il m’a faite pleurer. Peut-être par identification? Je sais que tu l’as écrit il y a un certain temps mais il m’a causé trop d’émotions pour que je ne le commente pas.
Bien à toi,
F.
Jan 21, 2015 @ 08:04:49
Je suis désolée de t’avoir faite pleurer… Toutes mes pensées de soutien vont vers toi, c’est pas facile quand l’amours s’fait la malle mais… un jour le soleil recommence à briller. Toujours.
Bises
Jan 23, 2015 @ 20:26:14
Ne t’excuse pas, au contraire. Il est apaisant de savoir que les émotions paradoxales qui interviennent à la fin d’une relation sont partagées par d’autres :) .
Bises