Et l’importance de faire de la place pour ce que l’on aime
Août, je t’écris pour la première des nouvelles fois un jour de pluie sur une trame blanche émaillée de gris. Les mots dansent la course folle, la lumière court sur l’axe le long des courtes heures et des minutes dorées bientôt précieuses et je cours tantôt avec eux, tantôt après eux. Je parle du commencement, du recommencement, du rien dont émerge un Tout et à ce moment-là rêve cache des mots qui gagneraient d’harmonie sur le papier le pouvoir de résonner par delà mes frontières limitées. Et je me souviens de la douceur qu’il y a à commencer à rêver. Du vertige tout au bord déjà loin lorsque ça y est, j’ai sauté.
Ces jours derniers comme à chaque fois qu’à ma porte vient toquer janvier, je me frotte au creux dans lequel viennent s’abîmer des pourquoi et des comment murmurant des peut-être. Des qui reprennent ce que j’ai entendu bien des fois, des qui disent « peut être devrais-tu arrêter tout ça… ». Et il est tentant – un court instant – de croire les yeux fermés à la facilité d’abandonner ce qui n’a d’évidence qu’au creux pour ce qu’ouvertement je me suis choisi pour destinée. De dire « je ne fais plus que ça » en croisant dans mon dos les doigts au moment de jurer – la tête hochée – que « certainement ça suffira ». Derrière le mot rêve aux mots sont venus peu à peu s’accoler la douceur de ce genre de lumière qui vient sublimer un cliché, empruntée, des mots techniques à l’existence apprise après en avoir inventé seule des versions imparfaites et boîtillantes, accompagner, aimer, inventer, apprendre et puis l’envie dénudée de simplement pouvoir continuer.
Je m’interroge et pourtant au creux je sais face à mes doutes et face aux leurs qui viennent se coller à moi glacés la place de cet ici aussi nécessaire que ce là-bas qui se construit lui aussi – paradoxalement et contre l’apparente évidence – ici en grande partie. Les contours de mes demains qui – de chaque expérience partagée, de chaque mot et de chaque photo posés, de chaque échange par-delà le prisme où ne m’est encore accessible que mon propre reflet – trouvent à s’éclaircir et s’affiner pour me guider pas à pas vers cet instant où ces parties de moi partagées ne seront plus seules mains tendues vers vos mots en écho, offertes à qui pourra y trouver de quoi se nourrir, sourire et s’inspirer, mais où il y aura aussi et en plus de tout ça des visages – vos visages ? – et nos conversations moins générales et plus centrées, enfin de vive voix.
J’ai enfin compris – je crois – le temps qu’il faut savoir laisser au Sens pour se trouver au milieu de nos intuitions qui nous poussent en grand écart à bouleverser nos quotidiens, le mirage qu’est la facilité promise à suivre les yeux fermés ce que l’on s’est choisi pour soi il y a bien souvent des années et la nécessité de suivre cette intuition au moment de faire de la place – à son échelle et avec patience, sans rien brusquer, sans tout « plaquer » – à ce qui nous donne l’impression de reprendre d’amour et d’évidence notre respiration dans nos grands tourbillons. Mais surtout et aussi que s’il est souvent des opposés entre ce que l’on fait et ce que l’on va commencer – envers et contre notre propre scepticisme au coude à coude avec espoir et enthousiasme – il n’est pas rare que le Sens faisant chemin, nos opposés viennent à se retrouver, tous les ponts et les connections entre eux tissées de longue haleine et sans y penser enfin à nos yeux dévoilés. Parce que ce que l’on aime, ce que l’on a tout au creux de soi a souvent bien plus de raison d’être et de raisonnable que ce que l’on pourrait en croire au premier regard.
« Maybe it [love] means something more, something we can’t yet understand – Peut-être que l’amour a une toute autre signification, quelque chose que nous ne comprenons pas encore » Dr Brand in Interstellar
Jan 15, 2016 @ 17:47:56
Emportée par le flux de ces mots, j’ai ressenti la signification de ce Sens tant recherché, que je caressais du bout des doigts sans m’autoriser à le toucher vraiment, par peur de briser cet équilibre qu’enfin je trouvais en moi. Merci encore une fois pour un magnifique article.
Jan 16, 2016 @ 11:08:43
Merci Julie, ton petit mot me touche beaucoup et si cet article a pu t’aider un peu j’en suis vraiment heureuse <3
Je te souhaite plein de sourires sur les chantiers qui t'attendent <3
A très bientôt et belle journée à toi !
Jan 15, 2016 @ 20:38:39
Très bel article, il faut toujours essayer de faire de ce que l’on aime une priorité :) Parce que sinon, la vie, cela serait quoi ?
Jan 16, 2016 @ 11:07:08
Merci Lolli <3 Je te rejoins et me le demande aussi :)
Belle et douce journée à toi ! <3
Jan 15, 2016 @ 21:46:10
La priorité avant tout à ceux que j’aime ;) Ce que j’aime vient en second plan, mais avoir retrouvé un équilibre de vie permet de réintroduire petit à petit des activités « pour moi ». L’année dernière j’ai fait revenir la lecture ce qui m’a fait beaucoup de bien, et pour 2016 j’aimerais renouer avec le cinéma et (un peu plus difficile) l’écriture. Belle et douce année à toi Celie.
Jan 16, 2016 @ 11:06:15
Je te souhaite de t’offrir ce temps-là et plein d’indulgence envers toi-même au moment de reprendre l’écriture <3 Si cela t'intéresse, tu peux t'inscrire (si ce n'est pas déjà fait !) à notre joli atelier d'écriture pour blogueurs/blogueuses "Les jolies plumes" que nous organisons Fabienne et moi. Chaque mois tu reçois un thème d'écriture sur lequel écrire et tu peux publier et partager ton texte au début du mois suivant sur ton blog et avec la communauté de jolies plumes. Si cela t'intéresse envoie-nous un petit mail à latelierdesjoliesplumes@gmail.com :)
A très bientôt ! <3
Jan 16, 2016 @ 09:17:44
Margaux dit dans son commentaire, la priorité à « ceux » que j’aime et quand j’ai lu le titre de ton billet, c’est aussi la réflexion que je me suis faite ! La priorité à « ce » que j’aime mais aussi à « ceux » car sans eux, faire « ce » que j’aime a beaucoup moins de saveur…
Je me retrouve dans les dernières lignes de ton billet, où tu parles des opposés entre ce que l’on fait et ce que l’on va commencer. Mes passions, mes centres d’intérêts commencent à s’affiner, et partent dans des directions opposées – certains duraient peut-être incompatibles. Qu’importe ! je fais ce que j’aime, quand j’en ai envie et voilà peut-être encore ce qu’il y a de mieux pour être épanoui!
Jan 16, 2016 @ 11:02:32
J’ai longuement hésité au moment de choisir mon titre à l’écrire ainsi « et l’importance de faire de la place pour ce(ux) que l’on aime » mais comme je ne développais pas assez cette dimension – choisir ses proches devant nos impératifs professionnels – je me suis dit que ça n’avait pas de sens et que ça mériterait donc un second billet :) Car je vous rejoins absolument sur ce point, je l’évoquais même dans mon bilan annuel « donner cette place immense à ce et ceux que j’aime » :) Ton petit mot ultra positif m’a mis le sourire et je ne saurais être plus d’accord avec toi ! Je te souhaite que tes opposés d’aujourd’hui trouvent à se donner la main demain (on peut être très surpris sur ce point-ci) :)
Belle journée Mélanie ! :)